Le début de 2021 s'annonce encore difficile pour l'économie française, a prévenu le 7 janvier le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, qui assure vouloir apporter un soutien «total» aux secteurs encore très touchés par la crise sanitaire, et alors que l'inquiétude ne cesse de monter chez de nombreux professionnels.
Ainsi, de nombreux restaurateurs expriment leurs colère et reprochent au gouvernement que leur secteur soit devenu, selon certains, «une variable d'ajustement» comme le déclarait Christophe Chirat, ce restaurateur et représentant du collectif Les Pendus, à RT France.
Bruno Le Maire s'est toutefois montré peu rassurant. «Le plus difficile est devant nous, il va falloir faire preuve d'une force de caractère considérable», a ainsi affirmé avec pessimisme le ministre lors d'un échange en visioconférence avec le groupe de réflexion Institut Montaigne. Il a ensuite détaillé de sombres prévisions : «Nous avons devant nous un virus qui persiste, [...] nous aurons plus de faillites en 2021 qu'en 2020 [...], nous avons une transition sur l'emploi qui va se solder par des destructions d'emplois pendant un certain temps et qui vont être difficiles à amortir, et puis nous avons des incertitudes politiques». Pour que l'économie française réussisse à «dépasser ces difficultés», et alors que le gouvernement table sur une croissance de 6% cette année, il a d'abord réitéré sa volonté de soutien «total» aux secteurs en difficulté.
Concernant les secteurs de l'hôtellerie-restauration, de l'événementiel, de la culture ou du sport, le ministre a insisté sur le fait que le gouvernement ne les laissera «pas tomber», et mettra «l'argent nécessaire» alors qu'une réouverture le 20 janvier des restaurants et cafés s'éloigne de plus en plus. Le gouvernement travaille d'ailleurs, selon lui, à augmenter les aides versées aux entreprises pour répondre aux besoins des chaînes de restaurants ou d'hôtels pour qui les sommes allouées actuellement sont insuffisantes, selon lui.
Les hôteliers et restaurateurs demandent que les groupes jusqu'à 5 000 employés obtiennent un relèvement du seuil du fonds de solidarité de 200 000 à trois millions d'euros sur plusieurs mois, à l'image de ce que l'Allemagne verse à ses entreprises pour le paiement de ces charges. Une mesure qui permettrait à ces groupes de payer une partie de leurs charges fixes. La discussion a lieu avec Bruxelles, qui doit valider un tel dispositif.
Vers la création d'un chèque alimentaire ?
Le ministre souhaite aussi que les banques généralisent le report d'un an du début du remboursement des Prêts garantis par l'Etat (PGE) accordés aux entreprises, alors que l'échéance se rapproche avec de premiers remboursements dus en principe au printemps.
Par ailleurs, Bruno Le Maire s'est une nouvelle fois déclaré ouvert à davantage de soutien aux plus modestes, avec pourquoi pas la création d'un chèque alimentaire. A côté de ces soutiens, le ministre entend poursuivre le déploiement du plan de relance pour les secteurs plus dynamiques. «La relance a commencé fin 2020, nous l'accélèrerons en 2021», a-t-il assuré, citant le succès de plusieurs appels à des projets lancés ces derniers mois. Il souhaite aussi aboutir sur un dispositif de prêts participatifs «qui soient simples et efficaces» pour soutenir l'investissement des entreprises.
Un des enjeux, pour le gouvernement, sera enfin de faciliter les reconversions professionnelles de secteurs destructeurs d'emplois vers ceux qui en créeront dans les mois qui viennent. Cet interventionnisme massif de l'Etat ne doit pas faire oublier le «rétablissement des finances publiques», mais seulement «quand la situation sanitaire sera derrière nous», a souligné Bruno Le Maire, estimant que «pour le coup, il n'y a pas de "en même temps" possible».
L'UMIH (Union des métiers et des industries de l'hôtellerie) avait saisi le Conseil d'Etat fin novembre pour contester la fermeture des bars et restaurants dans le cadre de la lutte contre l'épidémie de Covid-19. La plus haute juridiction française a cependant rejeté le recours des restaurateurs.