Le dollar – devise mondiale de référence pour les échanges – va-t-il durablement se déprécier ? C'est ce que perçoivent certains économistes dans la conjoncture actuelle. «Nous allons assister à une assez bonne tendance à la dépréciation du dollar au cours des deux prochaines années», a ainsi déclaré le 21 octobre Eric Robertsen, responsable mondial de la recherche à la Standard Chartered Bank sur le réseau de télévision américain CNBC.
Pour l’analyste, le dollar se dirige vers une «dépréciation pluriannuelle», compte tenu de la faiblesse de ses fondamentaux souverains. «Vous avez le double déficit aux Etats-Unis qui s'aggrave, et vous avez la pire balance commerciale depuis 15 ans», explique-t-il.
Un des arguments d’Eric Robertsen est que la surperformance des actions américaines au cours des dix dernières années a été le moteur de l’appréciation du dollar, qui serait selon lui largement surévalué aujourd’hui. Il fait aussi valoir qu’avec la baisse des taux de la Réserve fédérale, les T note – bons du Trésor américain – ont perdu l’essentiel de leur attractivité, ce qui implique une dépréciation du billet vert.
L'indice dollar, qui suit le billet vert par rapport à un panier de devises, était à 92,61 ce 22 octobre. Il a perdu plus de 3% par rapport à ses pairs depuis le début de l'année. Face à l’euro, le dollar a connu sept semaines de chute consécutive.
L’analyste de la Standard Chartered considère lui aussi que le résultat des élections américaines sera déterminant. Si Joe Biden obtient la présidence, la dépréciation du dollar devrait être «très claire et très prononcée» selon lui.
Maintes fois annoncée, la chute du dollar a toujours été freinée jusqu’ici par son rôle de devise de réserve des banques centrales. Mais les prévisions de Robertsen ne sont pas isolées et font écho à celles de l’économiste américain Stephen Roach.
Dans une récente tribune publiée par Les Echos, ce professeur à Yale et ancien président de Morgan Stanley Asie estimait que le dollar demeurait «la devise la plus surévaluée du monde, avec un taux de change réel effectif supérieur de 34% à son plancher de juillet 2011». A l’époque, le dollar avait plongé à près de 0,75 euros.