«Ce projet est vital», a déclaré la directrice générale Clotilde Delbos, citée dans un communiqué. Renault, qui souffre de surcapacités de production au niveau mondial, avait annoncé en février ses premières pertes en dix ans, entrant affaibli dans la crise provoquée par l'épidémie de Covid-19.
Le constructeur automobile français Renault s'apprête ainsi à supprimer 4 600 postes en France, après des pertes massives de 141 millions d'euros l'an dernier.
Ce projet est vital
Le plan prévoit «près de 4 600» postes supprimés en France, sur 48 000, et «plus de 10 000» dans le reste du monde. Il s'appuie «sur des mesures de reconversion, de mobilité interne et des départs volontaires», a précisé Renault. Des départs à la retraite ne seront pas remplacés, mais aucun licenciement sec n'est annoncé.
Au total, le constructeur aux cinq marques (avec Alpine, Dacia, Lada et Samsung Motors) compte supprimer environ 8% de ses effectifs dans le monde (180 000).
Nous ne fermerons qu'un seul site à l'horizon 2022, sur nos 14 sites industriels en France
En France, le plan devrait affecter quatre sites, dans des conditions qui restent en partie à définir : Caudan (Morbihan), Choisy-le-Roi (Val-de-Marne), Dieppe (Seine-Maritime) et Maubeuge (Nord).
Mais le plan d'économies de Renault prévoit la fermeture d'un seul site en France, celui de Choisy-le-Roi dans le Val-de-Marne. «Contrairement à ce qui a été écrit ici ou là, nous ne fermerons qu'un seul site à l'horizon 2022, sur nos 14 sites industriels en France, c'est Choisy pour lequel nous allons valoriser les compétences en région parisienne», a affirmé le président du constructeur automobile, Jean-Dominique Senard, lors d'une conférence de presse le 29 mai.
Le site de Choisy mobilisé
Le projet inclut l'arrêt de la production automobile à Flins (Yvelines), à la fin de la Zoe après 2024. L'usine, qui compte actuellement 2 600 salariés, sera reconvertie et récupèrera l'activité du site prochainement supprimé de Choisy-le-Roi, qui emploie 265 personnes dans le recyclage de pièces.
Ce matin du 29 mai, RT France se trouvait à Choisy, où une centaine de salariés s'étaient mobilisés pour protester contre la fermeture du site. Jean-François Mbaye, député la République en marche du Val-de-Marne s'est désolé de la situation au micro de RT France, évoquant un «sentiment de gâchis».
Il est aberrant de procéder à la fermeture de cette usine, de mettre sur le carreau 265 salariés
«J'ai demandé à ce que l'Etat puisse revoir ce plan d'économie proposé par Renault», a-t-il expliqué. «C'est un site qui est là depuis 70 ans, c'est un maillage sur le territoire extrêmement important, avec des plans de formation, avec une responsabilité sociale et environnementale qui n'est plus à démontrer», a-t-il poursuivi trouvant «écœurant» que l'activité soit délocalisée.
«Il est aberrant de procéder à la fermeture de cette usine, de mettre sur le carreau 265 salariés», a-t-il conclu, vantant les prouesses du site.
L'avenir de Fonderie de Bretagne, avec près de 400 salariés à Caudan, reste en suspens avec une «revue stratégique» annoncée. Même chose pour l'usine de Dieppe, qui emploie aussi près de 400 personnes : le groupe indique ouvrir «une réflexion sur la reconversion de l'usine, à la fin de la production de l'Alpine 110».
Où sont les garanties exigées par l'Etat ?
La fusion des sites de Douai et Maubeuge, dans le Nord, est envisagée.
A l'international, Renault prévoit la «suspension des projets d’augmentation de capacités prévus au Maroc et en Roumanie». Il indique étudier «l'adaptation des capacités de production en Russie et la rationalisation de la fabrication de boîtes de vitesse dans le monde».
Au total, la réduction de l'outil industriel permettra de réduire les coûts fixes de l'entreprise de 650 millions d'euros par an. En outre, le constructeur prévoit 800 millions d'euros de réduction de coûts dans l'ingénierie, et 700 millions autres d'euros sont prévues dans les frais généraux, marketing et autres fonctions support.
Renault précise que la mise en œuvre du plan coûtera 1,2 milliard d'euros, pour environ 2,15 milliards d'économie annuelle sur ses coûts fixes.
Après des rumeurs de presse évoquant la fermeture de sites français, le président français Emmanuel Macron avait réclamé le 26 mai «des garanties» pour l'avenir des salariés. Il avait mis la pression sur Renault en avertissant qu'un prêt garanti par l'Etat de 5 milliards d'euros ne serait pas signé avant la tenue de discussions en début de semaine prochaine.
L'Etat français est le premier actionnaire du groupe au losange avec 15% du capital.
Le plan d'économies a été présenté le 28 mai soir aux syndicats français, lors d'un comité central social et économique (CCSE) du groupe.