NextRadioTV (filiale d'Altice France), maison-mère de BFMTV, BFM Business, RMC, RMC Découverte, etc., est la première victime économique de la pandémie de Covid-19 dans l'audiovisuel. Celle-ci, anticipant un écroulement des recettes publicitaires, va couper dans ses effectifs et réduire la voilure dans le sport et le divertissement.
Dans un «plan de transformation et de reconquête post-Covid» présenté aux représentants syndicaux le 19 mai lors d'un comité social et économique (CSE), le groupe prévoit de diviser par deux le recours aux intermittents, aux pigistes et aux consultants.
Départs volontaires, licenciements et restructuration
Le plan de licenciements, qui sera détaillé «dans les prochaines semaines», «débuterait par une phase de volontariat ; les licenciements contraints n'interviendraient que si le nombre de volontaires était insuffisant», explique NextRadioTV dans un communiqué, sans préciser le nombre de départs envisagés.
Cette crise économique majeure dans laquelle le pays est entré aura des impacts considérables sur les entreprises, l'emploi et la consommation et donc durablement sur les recettes publicitaires
Le groupe, qui emploie plus de 1 600 personnes (équivalent temps plein), souligne que ses effectifs ont augmenté de plus de 50% ces six dernières années.
«[L']objectif sera de limiter autant que possible l'impact sur les postes en CDI et de poursuivre l'excellence éditoriale, tout en développant les compétences technologiques et les forces commerciales, essentielles à NextRadioTV», précise le communiqué.
Si les audiences télé, et notamment celles de l'information, ont atteint des records pendant la crise, les recettes publicitaires n'ont pas suivi et leur écroulement risque d'être durable.
«Cette crise économique majeure dans laquelle le pays est entré aura des impacts considérables sur les entreprises, l'emploi et la consommation et donc durablement sur les recettes publicitaires, principale source de revenus du NextRadioTV», peut-on encore lire dans le communiqué.
Covid-19 : les chaînes sportives pénalisées par l'annulation de compétitions
Alors que le secteur publicitaire s'attend à perdre quasiment un quart de sa valeur cette année, NextRadioTV entend aussi économiser sur le sport. Son bouquet sportif, lancé en 2016 sous le nom SFR Sport (le groupe Altice possède l’opérateur télécoms SFR) puis rebaptisé RMC Sport, avait réussi à séduire deux millions d'abonnés grâce à l'acquisition de droits prestigieux, notamment dans le football : la Premier League anglaise, puis la Ligue des champions et la Ligue Europa.
Mais avec l'annulation des matches pour cause de coronavirus, le nombre d'abonnés aux cinq chaînes du bouquet a baissé (le groupe ne communique pas la base d'abonnés actuelle). RMC Sport News, dédiée à l'information sportive, en a fait les frais et s'arrêtera début juin.
Le groupe annonce «l'arrêt progressif des compétitions sportives notamment d'athlétisme, d'équitation et de tennis». «Le marché des droits et de la Pay TV, imprévisible et inflationniste, impose de revoir rapidement et largement l'organisation de nos structures de Pay TV», souligne le communiqué.
Quant aux droits du foot, NextRadioTV, qui détient les droits de la Ligue des champions et de la Ligue Europa jusqu'en juin 2021, veut attendre de voir si les abonnés suivront à la reprise des compétitions.
Autre source d’économies : des rapprochements entre NextRadioTV et Altice France sur les «fonctions support», autrement dit sur la gestion, la comptabilité, les ressources humaines et dans la publicité.
Le groupe entend aussi «réévaluer toute la politique d'acquisition et de production des chaînes de divertissement dont les coûts ont été multipliés par trois ces cinq dernières années». La chaîne MyCuisine ne diffuse plus depuis fin avril. Sont aussi concernées RMC Découverte, RMC Story et la chaîne de séries et de cinéma Altice Studio.
Ce recentrage intervient dans un contexte de restructuration plus large de la branche médias d'Altice France : la sortie de l'activité presse avec la reprise de L'Express par Alain Weill, la cession de Libération à un fonds de dotation (une entité juridique apparentée à une fondation) et le nouveau management avec la nomination en janvier d'Arthur Dreyfuss, un proche de Patrick Drahi, le grand patron du groupe.
Alors qu'Altice doit publier ses résultats du premier trimestre 2020 le 20 mai au soir, la multinationale, touchée par la crise sanitaire, envoie un message clair aux oreilles des marchés financiers : voici venu le temps de la cure d’austérité.