Economie

Malgré les annonces du gouvernement, plus d’une PME sur deux craint une faillite

65% des PME sont actuellement fermées, la plupart sous l’effet d’une décision administrative. Malgré les mesures annoncées par le gouvernement, un dirigeant sur deux redoute une faillite.

«Aucune entreprise quelle que soit sa taille ne sera livrée au risque de faillite», déclarait le 16 mars le président de la République Emmanuel Macron lors d’une allocution télévisée. Mais un mois plus tard, les dirigeants de PME ne semblent pas convaincus que ce risque soit écarté et plus d’un sur deux (55%) le redoute pour son entreprise, selon les résultats d’une enquête publiée, le 16 avril, par la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME).

L’enquête révèle aussi que 65% des PME sont fermées, la plupart sur décision administrative et seulement 14% sur décision du dirigeant. 83 % d’entre elles ont fait une demande de chômage partiel et 5% envisagent de le faire.

60% des dirigeants de TPE-PME constatent une baisse de leur chiffre d’affaires supérieure à 50% au mois de mars, alors que 36% des entreprises ne disposent pas d’une trésorerie leur permettant de couvrir plus d’un mois d’exploitation. Ces difficultés sont aggravées par les retards de paiement que 39% des TPE-PME subissent, de la part de grandes entreprises privées ou de clients publics, malgré les mesures annoncées sur ce point par le ministre de l’Economie et des Finances, le 24 mars.

51% des entreprises ont fait des demandes de report des échéances fiscales et sociales, 28% ont demandé à bénéficier du prêt garanti par l’Etat (PGE) et 60% des TPE ont sollicité l’aide du fonds de solidarité.
Autre enseignement : 80% des dirigeants de PME ont le sentiment d’avoir été épaulés par leur banquier, mais 76% déplorent le manque de soutien de leur assureur. La CPME en tire argument pour renouveler «son appel à ce que les pertes d’exploitation des TPE-PME assurées soient enfin couvertes par les assurances».

«suspension des factures d'eau, de gaz ou d'électricité ainsi que les loyers» ? 

81% des entrepreneurs s’estiment bien informés sur des dispositifs qu’ils sollicitent massivement. Mais les annonces du gouvernement ou du président en laissent quelques-uns sceptiques. Par exemple celle d’Emmanuel Macron dans son discours du 16 mars où il évoquait la «suspension des factures d'eau, de gaz ou d'électricité ainsi que les loyers».

Emilie Monchovet dirigeante des Vertugadins, une entreprise de location et fabrication de costumes – principalement pour les professionnels du spectacle –explique qu’elle n’a vu aucune loi ou décret lui permettant de cesser de payer le loyer des 600 mètres carrés de ses ateliers qu'elle a dû fermer.

Quant aux mesures de chômages partiel, elle attend une réponse depuis le 20 mars. Le site internet mis en place par le gouvernement (activitépartielle.emploi.gouv.fr) semble avoir été victime de l’afflux des demandes et ne pas toujours fonctionner. Or, le seul numéro de téléphone disponible est totalement inaccessible. Après quatre semaines de tentatives, Emilie Monchovet a finalement pu joindre un fonctionnaire qui lui a …demandé d’envoyer un mail.

L’enquête de la CPME a été réalisée du 2 au 12 avril auprès de 3 416 dirigeants de PME et TPE.