La plus puissante société américaine de gestion d'actifs, BlackRock, dans le viseur de l'opposition et de militants en France pour son influence supposée sur les réformes de la macronie, est désormais officiellement en charge de conseiller la Commission européenne dans le domaine de la «supervision bancaire». Le journal britannique The Guardian rapporte que la multinationale a été choisie parmi huit concurrents pour conseiller l'Union européenne sur la façon d'«intégrer au mieux les facteurs environnementaux et sociaux dans la supervision bancaire».
BlackRock chargé de guider l'UE vers la «finance durable»
D'après l'avis publié par la Commission européenne, le contrat porterait sur une somme estimée à 550 000 euros au bénéfice de BlackRock Investment Management.
Mais le choix de la multinationale, qui compte de nombreux opposants en Europe, fait grincer des dents du côté des militants écologistes, qui pointent du doigt un possible conflit d'intérêts. En effet, l'entreprise est l'un des trois principaux investisseurs dans les huit plus importantes sociétés pétrolières au monde et l'un des dix principaux investisseurs dans les 12 plus grandes banques du monde.
«Nous ne comprenons pas pourquoi la Commission européenne n'a pas pensé qu'il y aurait un conflit d'intérêts énorme avec ce choix», a déclaré Katrin Ganswindt, membre de l'ONG écologiste Urgewald, au Guardian.
Du côté de la Commission européenne, un porte-parole a déclaré que la société avait remporté l'offre «en pleine et stricte conformité avec les règles applicables de l'UE en matière de marchés publics, y compris celles concernant l'éligibilité des soumissionnaires et la prévention de tout conflit d'intérêts potentiel». La multinationale a affirmé de son côté que sa branche conseil, qui assurera la prestation, est séparée de sa branche investissements, et s'est dite honorée «d'éclairer le plan d'action de la Commission européenne sur la finance durable».
Début 2020, l'intérêt porté par la société américaine aux réformes françaises, ainsi que les rencontres entre ses dirigeants et les membres de l’exécutif, ont suscité une vive polémique dans les rangs de l'opposition, Jean-Luc Mélenchon allant jusqu’à qualifier la réforme des retraites de «loi BlackRock». Le gouvernement, comme la multinationale, ont tous deux balayé une quelconque pression de l'entreprise sur la politique française.