Economie

Covid-19 : l'Etat veut engager les entreprises aidées à ne pas verser de dividendes

L'Etat veut encadrer le versement de dividendes, particulièrement par les grandes entreprises bénéficiant d'une aide pour surmonter la crise du Covid-19. En revanche, le gouvernement ne veut pas d'une loi. Ces entreprises joueront-elles le jeu ?

Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, va soumettre au Premier ministre un projet visant à encadrer les dividendes. Ainsi, selon la volonté gouvernementale, une entreprise ne pourra pas en verser si elle a obtenu de l'Etat une aide liée à la crise économique provoquée par le Covid-19. Le gouvernement a annoncé cette idée le 27 mars. Bruno Le Maire a expliqué cette mesure le même jour, sur BFM TV : «Si les entreprises ont besoin de trésorerie et qu'elles demandent l'aide de l'Etat, elles ne peuvent pas, elles ne doivent pas verser de dividende, et nous veillerons à ce que ce soit respecté.»

Par ailleurs, Bruno Le Maire a ajouté que les entreprises ayant payé des dividendes ne pourront pas bénéficier de la garantie de l'Etat pour contracter de nouveaux emprunts ; si elles ont bénéficié d'un report de charges, elles «se verront obligées de rembourser cette avance de trésorerie [...] avec une pénalité d'intérêt».

Si le ministre a ainsi appelé au «sens civique» des entreprises, notamment des grands groupes, le gouvernement ne semble pas avoir, pour l'heure, l'intention de créer une loi pour imposer cette mesure. Tout devrait donc se passer sous la surveillance de Bercy.

Le Monde précise toutefois que ces décisions n'ont pas été appréciées par «l’Association française des entreprises privées (AFEP), qui représente les 120 plus grandes sociétés (CAC 40 et SBF 120), et surtout les banques (BNP Paribas, Société générale, Crédit agricole…)». D'après Europe 1, le 27 mars, l'AFEP a d'ailleurs écrit au ministre pour livrer sa position... catégorique : «On ne veut pas de loi.»

Plusieurs grandes entreprises françaises ont en tout cas entendu le message et déjà renoncé à verser un dividende, comme par exemple le spécialiste des affichages publicitaires JCDecaux, Airbus ou encore la société de restauration d'autoroute Autogrill. Le motoriste et équipementier aéronautique Safran a pour sa part annulé le versement de son dividende 2019, qui devait atteindre au total un milliard d'euros.

A l'inverse, l'AFP note que l'opérateur de transports Transdev, contrôlé publiquement via la Caisse des dépôts, a de son côté assumé le versement d'un dividende de 23 millions d'euros, soit la moitié de son bénéfice 2019, mais a précisé qu'il ne le ferait qu'après la crise du coronavirus terminée. Une attitude qui semble contredire la position du gouvernement, puisque la ministre du Travail Muriel Pénicaud avait affirmé le 27 mars sur Cnews à propos des entreprises dans lesquelles l'Etat est actionnaire : «On va [leur] demander de ne pas verser des dividendes [...] en tout cas à des particuliers [...], le partage de la valeur, c'est aussi une solidarité».