Lors de la cérémonie des «vœux aux acteurs économiques», qui s’est tenue le 7 janvier à Bercy, le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a évoqué les tensions qui affectent le commerce mondial. A propos de la Russie, il a en particulier déclaré : «A la suite de mon déplacement à Moscou, nous voulons relancer nos échanges économiques avec la Russie, dans le respect du droit international, sans être entravés par des sanctions financières extraterritoriales.»
Il a également répété qu’il se donnait six mois pour «parvenir à trouver des solutions opérationnelles dans le domaine financier» avant d’ajouter : «Les sanctions extraterritoriales sont une atteinte inacceptable à la souveraineté des nations.»
Le président Macron a fait le choix stratégique de la Russie, nous voulons que cela se traduise sur le plan économique
Bruno Le Maire avait déjà fait cette annonce le 10 décembre à Moscou, lors d’une conférence de presse commune avec son homologue russe Maxime Orechkine dans le cadre d’une réunion du Conseil économique, financier, industriel et commercial (CEFIC) franco-russe. Les deux ministres étaient alors convenus de faire le point sur cette question lors du forum économique de Davos qui doit avoir lieu du 21 au 24 janvier.
Bruno Le Maire avait aussi précisé : «Le président Macron a fait le choix stratégique de la Russie, nous voulons que cela se traduise sur le plan économique», regrettant qu’en raison des sanctions américaines l’«on bute, sur chaque projet ambitieux, sur la question du financement». Chaque rencontre entre des dirigeants russes et français est l’occasion de rappeler que la France est le premier employeur étranger en Russie, notamment à travers les activités du groupe de distribution Auchan et celles de l’alliance Renault-Nissan qui y a produit depuis 2005 des centaines de milliers d’exemplaires des modèles de Logan, Duster, Arkana et Nissan Terrano.
Cependant, le groupe Total, bien qu’il n’emploie en Russie que 193 personnes, selon les derniers chiffres disponibles sur son site web, y est aussi un investisseur majeur. Actif dans de nombreux domaines d’activité comme l’extraction, les énergies renouvelables, la pétrochimie, etc. il est en particulier très présent à travers plusieurs projets gigantesques de liquéfaction de gaz dans le Grand Nord russe à travers plusieurs co-entreprises avec la société russe Novatek, dont il détient 19,4% du capital. Or les sanctions américaines qui frappent le secteur russe de l’énergie pourraient nuire à la concrétisation de ses nouveaux projets en cours de développement comme Arctic LNG 2, un projet majeur de gaz naturel liquéfié porté par Novatek, situé sur la péninsule de Gydan, au nord du cercle polaire arctique.