Economie

Pas que la SNCF : à l’Opéra de Paris aussi, on a battu le record de la grève la plus longue

L’Opéra de Paris connaît la grève la plus longue de son histoire, marquée par une participation rarissime du corps de ballet. 63 représentations ont déjà été annulées et les pertes de la billetterie ont dépassé 12 millions d’euros.

«Sur les 30 dernières années, il s'agit de la grève la plus longue et des pertes les plus lourdes», a fait savoir la direction de l’Opéra de Paris citée par l’AFP. 63 spectacles ont été annulés, soit une perte de 12,3 millions d'euros pour la billetterie depuis le 5 décembre, premier jour de grève contre la réforme des retraites. En comparaison, la grève de 2007 contre une première réforme des régimes spéciaux avait provoqué l'annulation de 17 spectacles et des pertes de 3,2 millions d'euros.

La saison doit normalement reprendre le 11 janvier et le ministère de la Culture a déclaré à l'AFP que «les discussions avec la direction et les représentants du personnel se poursuivaient». Mais sur le parvis de l’Opéra bastille, le 31 décembre, les grévistes dénonçaient une «parodie de négociations» et déclaraient prendre acte de la «volonté du gouvernement d’imposer son projet de réforme par un passage en force».

Les grévistes de l’Opéra de Paris réclament toujours le refus pur et simple du projet de réforme et ont refusé de mettre un terme à leur mouvement contre la promesse du gouvernement de ne faire porter les effets de la réforme que sur les danseurs recrutés après le 1er janvier 2022.

D'après l'Opéra, l'hécatombe de spectacles annulés a provoqué une «diminution importante du fonds de roulement». «Cela hypothèque les investissements pour les saisons futures, en particulier pour les travaux prévus. Il y aura des répercussions financières sur le fonctionnement et les budgets», a précisé l'institution, qui a fêté en 2019 ses 350 ans.

Les danseurs du ballet dans la rue pour la première fois

Les grèves des techniciens de l'Opéra sont fréquentes depuis les années 70, mais celle du ballet est un fait rarissime, et la présence de ses danseurs dans la rue est inédite. La dernière grève du corps de ballet remonte à 35 ans. En 1984, il avait cessé le travail pendant quelques jours après la suspension par la direction de la négociation sur une nouvelle convention collective.

Certaines grèves restent mémorables comme celle en 1998, votée in extremis par les artistes du chœur avant une représentation de La Traviata. La direction avait alors décidé d'annuler la soirée sous les huées du public déjà installé.

Un ancien directeur de l’institution a raconté à l’AFP qu’à l'exception de la grève de 2007, les grèves ont toujours porté sur des revendications salariales, catégorielles, sur la convention collective ou l'organisation de travail et n’ont, en général, duré que quelques jours.

Lire aussi : Danser contre la réforme : le ballet de l’Opéra de Paris rejoint la grève