Economie

Pour un emploi créé par Amazon, le commerce de proximité en perdrait près de deux

Dans une note publiée ce 21 novembre, l'ancien secrétaire d'Etat au numérique Mounir Mahjoubi se montre très critique envers Amazon. Il estime que l'entreprise américaine fait perdre plus d'emplois aux commerces de proximités qu'elle n'en crée.

Amazon aurait détruit plusieurs milliers d'emplois en France. C'est le sévère constat dressé par l'ancien secrétaire d'Etat au numérique Mounir Mahjoubi, dans une note publiée ce 21 novembre, intitulée «Amazon : vers l'infini et Pôle Emploi».

Le géant américain est en pleine opération de communication : il vient d'ouvrir un sixième centre de distribution en France, à Brétigny-sur-Orge, et avance le chiffre de 9 300 emplois et l'embauche de 9 000 intérimaires au moment des fêtes de fin d’année. Pas de quoi se réjouir pour autant selon le député de Paris. «Ces embauches peuvent impressionner. Pourtant, elles sont courantes dans le domaine de la distribution. Tous les acteurs y ont amplement recours pour répondre à la demande des fêtes de fin d’année», explique-t-il.

Selon Mounir Mahjoubi, ces créations d'emploi ont même un impact négatif sur le commerce de proximité. «La firme américaine est toutefois plus discrète sur la nature de ces emplois et, surtout, sur l’érosion des commerces de proximité qui endurent de plein fouet sa concurrence», estime-t-il. 

Le député appuie son analyse sur plusieurs chiffres et estimations. Amazon, qui a réalisé 5,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires hors taxe en France en 2018, employait 4 737 personnes à la même époque dans ses entrepôts logistiques hexagonaux. A en croire le député, l'entreprise américaine peut être également crédité de 7 600 emplois équivalents temps plein chez les vendeurs tiers en France.

Or dans le même temps, Amazon a contribué à faire disparaître 20 239 emplois dans le commerce physique, souligne Mounir Mahjoubi. Un chiffre qui correspond au nombre d'emplois qui auraient été générés dans le commerce physique si les 5,5 milliards d'euros de ventes d'Amazon en France avaient été réalisés dans les magasins traditionnels, le calcul se basant sur les chiffres de la productivité du travail selon l'Insee. «Pour une création d'emploi» chez Amazon en France, il y a «1,9 emploi perdu dans les commerces traditionnels», conclut-il.

Boycotter Amazon ?

Selon l'élu LREM, il est dès lors nécessaire de changer de mode de consommation. «Ce schéma n’est pas une fatalité du e-commerce. Consommer est aussi un acte politique et citoyen», écrit-il. «Ils doivent prendre conscience que leurs achats en ligne sont au cœur de grands enjeux sociétaux. Les internautes doivent cliquer en connaissance de cause. Leurs achats sur Amazon pèsent sur l’emploi national alors que cette entreprise maintient sous pression ses salariés pour dégager une productivité singulièrement élevée», complète-t-il.

Depuis plusieurs années, l'entreprise basée à Seattle est critiquée pour la destruction d'emplois, mais aussi pour son rôle joué dans le dérèglement climatique et sa faible contribution à l'impôt français. En juillet 2019, des ONG écologistes et des Gilets jaunes avaient d'ailleurs bloqué des sites pour protester contre ce qu'ils estiment être des «injustices».

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