Economie

Ouverture à la concurrence :  SUD-Rail dénonce le bilan social «catastrophique» de la SNCF

A la veille de l’ouverture à la concurrence, la troisième organisation syndicale de la SNCF s’alarme de la dégradation du climat social dans l’entreprise. Elle rejoint les autres syndicats dans un appel à une grève illimitée à partir du 5 décembre.

Dans un communiqué, SUD-Rail a dénoncé, le 8 octobre, un «plan social permanent» à la SNCF et «s'insurge contre l'aggravation promise de la situation sociale» avec l'arrivée d'un nouveau patron Jean-Pierre Farandou et l'entrée en vigueur de la réforme ferroviaire.

La centrale syndicale, fustige en particulier un «bilan social encore catastrophique» en 2018. Notre confrère Le Parisien qui s’est procuré ce rapport qui doit être présenté le 9 octobre aux partenaires sociaux révèle que plus d’un millier de cheminots ont quitté la SNCF en 2018. C’est un bond de 34% par rapport à l’année précédente qui avait déjà connu une augmentation importante des départs volontaires.

Ce climat social délétère dénoncé par le syndicat coïncide avec les conditions imposées par le gouvernement pour reprendre à sa charge 35 milliards d’euros de dette accumulés par l’entreprise publique. Dans son article Le Parisien cite une source interne qui révèle que la suppression de plus de 2 000 postes en 2019 fait partie de ces conditions.  

Selon le syndicat, entre 4 000 et 5 000 agents seraient actuellement «accompagnés» dans des structures appelées «Espace initiative Mobilités» que SUD-Rail décrit comme des «Pôle Emploi internes où les 3 SNCF [les trois EPIC qui composent la société à savoir SNCF, SNCF réseau et SNCF mobilités] relèguent ceux dont elles ne veulent plus, […] pour les rendre responsables de leur prétendue "inemployabilité"».

Quant aux licenciements pour faute, ils sont, eux aussi, en très nette augmentation : 676 en 2018 contre 452 deux ans plus tôt. Dans son communiqué SUD-Rail estime aussi que le successeur de Guillaume Pepy à la tête de la SNCF «promet pire». Ce dernier devrait prendre ses fonctions le 1er novembre.  

Selon le troisième syndicat de la SNCF le futur patron «multiplie les annonces de plan d'augmentation de la productivité, d'extrême polyvalence, d'économies et de suppressions de postes», mais il serait muet sur «la situation sanitaire et sociale catastrophique des salariés […] leurs souffrances alors même que deux cheminots se sont encore donné la mort ce week-end».

En 2018, environ 2 700 postes ont été supprimés au sein du groupe public ferroviaire où en plus de l’augmentation de 34,3% des démissions par rapport à 2017, les ruptures conventionnelles ont grimpé de 86%, et même doublé chez les salariés sous statut de cheminot.  

SUD-Rail, qui a rejoint avec d'autres syndicats l'appel à une grève illimitée à partir du 5 décembre, lancé par plusieurs organisations syndicales de la RATP contre la réforme des retraites, assure qu'il «travaille d'ores et déjà à construire un rapport de force le plus large possible» pour briser une «logique permanente de casse sociale".