Economie

La Banque centrale européenne refuse de s'expliquer sur le krach irlandais

C'est une fin de non recevoir que la BCE à opposé à la commission d'enquête parlementaire qui tente de faire la lumière sur le krach financier du pays en 2008. Cette commission souhaite comprendre le rôle joué par la BCE dans le plan de sauvetage.

La commission d'enquête de l'Oireachtas, le Parlement irlandais, avait commencé ses auditions en décembre dernier.

Ce n'est pas la première fois que les parlementaires de l'île verte émettent le souhait d'entendre des explications de l'institution de Francfort concernant son rôle dans la crise qui avait plongé le pays dans la récession.

Mais cette fois encore, la BCE a une nouvelle fois ignoré cette demande, estimant ne dépendre que de la seule juridiction européenne. Dès lors, la BCE étant placée hors de la juridiction irlandaise, elle ne peut se voir obligée de comparaître devant le commission d'enquête.

Le président de la commission d'enquête, Ciarán Lynch, a publiquement estimé que la décision de la BCE était «malheureuse et ne donnait pas satisfaction». Mais il ne désespère pas de faire toute la lumière sur le rôle joué par la BCE dans cette crise financière et ses conséquences sur le pays.

Le rôle trouble de la BCE dans le plan de sauvetage

En novembre 2010, après l'explosion de la bulle financière et la faillite de plusieurs banques, le gouvernement irlandais avait fait une demande d'aide. L'Union Européenne et le FMI avaient alors mis en place un programme de soutien de 67 milliard d'euros, assorti de rudes conditions.

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Ainsi, en novembre dernier, la presse irlandaise avait révélé comment la BCE avait menacé de couper toute aide aux banques irlandaises afin d'imposer le programme d'austérité établi par le FMI et l'Union européenne. Le quotidien Irish Times avait ainsi publié la lettre de Jean-Claude Trichet, qui dirigeait à l'époque la BCE, au ministre des Finances irlandais. Cette lettre prenait la forme d'un ultimatum et conditionnait l'aide de la BCE à plusieurs conditions dont des «réformes structurelles » et une restructuration du secteur financier. Autrement dit, la BCE imposait les lignes de la future politique économique du pays.

A l'époque, ce qui inquiétait surtout la BCE était l'option envisagée par Dublin d'une faillite «ordonnée» des banques, ce qui aurait de fait nui aux créanciers allemands et français de celles-ci. Un front franco-allemand s'était alors constitué pour protéger les intérêts de leurs banques, très exposées au risque de faillite irlandais.

Jean-Claude Trichet a, depuis, toujours estimé qu'il n'avait aucun compte à rendre devant le Parlement irlandais et a toujours refusé de témoigner devant la commission d'enquête.

Quoi qu'il en soit, l'enquête des parlementaires irlandais devrait tenir la dernière de ses audiences publiques cette semaine avant de se réunir à huis clos pour commencer à préparer un rapport. Ce rapport, attendu pour la fin de l'année, sera ensuite soumis au Parlement irlandais.