Les syndicats d'Alstom ont interpellé le 10 septembre le gouvernement sur l'attribution du marché des nouveaux trains qui circuleront sur les lignes Intercités Paris-Toulouse et Paris-Clermont. Selon le média spécialisé Mobilettre, ce marché reviendrait au constructeur ferroviaire espagnol Construcciones y Auxiliar de Ferrocarriles (CAF).
Dans un courrier à la ministre de la Transition écologique et solidaire Elisabeth Borne (qui chapeaute les transports), l'intersyndicale FO, CGT, CFE-CGC et CFDT d'Alstom souligne que le groupe espagnol «propose uniquement l'assemblage final des trains sur le territoire national dans son seul site français qui emploie une centaine de salariés», en référence à l’usine de CAF à Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées).
Les syndicats font aussi valoir que «l'offre d'Alstom s'appuie sur l'excellence de ses métiers et de ses compétences à travers huit de ses sites». Ce qui selon les syndicats représente des retombées pour l’emploi chez Alstom en France allant «jusqu'à 700 personnes en fonction du produit retenu dont 200 ingénieurs et plusieurs centaines d'emplois chez les fournisseurs».
«Si elle se confirmait, l'attribution du marché à notre concurrent espagnol risquerait de porter un coup fatal à l'avenir des sites fragilisés de Reichshoffen et Belfort ainsi qu'à la filière ferroviaire en Alsace et en Bourgogne-Franche-Comté», déplore l'intersyndicale.
Si l'Etat décidait de commander des trains fabriqués en Espagne, ce serait son choix, mais cela enverrait un message très fort de défiance envers la filière ferroviaire française qui serait de facto affaiblie
Elle est rejointe dans ses craintes par le PDG d’Alstom, Henry Poupart-Lafarge qui, dans un entretien exclusif accordé à La Tribune, explique : «Cette commande de trains Intercités représente, avec les options, dix années d'activité pour le site de Reichshoffen et l'ensemble des sites français qui fabriquent les composants.»
Dans ce qui ressemble à un message au gouvernement, le patron d’Alstom ajoute : «Si l'Etat décidait de commander des trains fabriqués en Espagne, ce serait son choix, mais cela enverrait un message très fort de défiance envers la filière ferroviaire française qui serait de facto affaiblie, avec un impact mécanique sur l'emploi en France.»
L'appel d'offres, lancé fin 2016 par la SNCF pour le compte de l'Etat, porte sur le matériel roulant des trains d'équilibre du territoire (TET, Intercités) Paris-Toulouse et Paris-Clermont, soit 28 rames auxquelles s'ajouteront éventuellement 75 rames en option, dont 15 pour équiper la transversale Bordeaux-Toulouse-Marseille.
Le budget prévisionnel pour la tranche ferme a été fixé à 800 millions d'euros, en incluant les centres de maintenance. Quand Mobilettre avait publié son information à la mi-août, la direction de la SNCF avait refusé de réagir.