300 000 chômeurs en moins depuis le début du quinquennat, avec un taux de chômage qui s'établit désormais à 8,5% selon une publication du 14 août l'Institut national de la statistique (Insee) – se basant sur les normes du Bureau international du travail (BIT) : il n'en fallait pas plus pour enthousiasmer les membres du gouvernement. La porte-parole Sibeth Ndiaye affirme sur Twitter : «Nos réformes commencent à porter leurs fruits : des Français retrouvent un emploi, mais il reste encore trop de chômeurs.»
Ces chiffres viennent à point nommé pour la rentrée gouvernementale. Mais à y regarder de plus près, n'est-on pas face à un usage des chiffres ombrageant une réalité moins réjouissante ? Selon les chiffres de Pôle emploi, on apprend notamment, dans ses statistiques sorties le 25 juillet, que le nombre de radiations par rapport au dernier trimestre a augmenté de 12,8%, soit 45 000 personnes. Or, une radiation d'un individu, signifie une sortie de celui-ci des statistiques du chômage...
Si sur les 12 derniers mois Pôle emploi confirme également une baisse de 0,9% des demandeurs d'emploi en catégorie A, B ou C, soit une diminution d'environ 56 000 chômeurs, le nombre d'inscrits en catégorie D (sans emploi mais disposant d'une formation, d'un contrat de sécurisation professionnelle, ou atteints d'une maladie) a augmenté de 9% sur un an, pour atteindre un peu plus de 285 000 individus précaires au total.
De fait, lorsque Sibeth Ndiaye se satisfait d'un retour de l'emploi, certains commentateurs alertent et contestent la réjouissance des macronistes. L'économiste Guillaume Duval d'Alternatives économiques affirme par exemple que «le recul du chômage au [deuxième trimestre] n'a rien à voir avec une amélioration de l'emploi. Elle est due uniquement à une baisse des taux d'activités : les gens renoncent de plus en plus à chercher un emploi». «La part de ceux en âge de travailler qui sont totalement sortis du marché du travail (ils n’ont pas d’emploi et n’en cherchent pas) a augmenté cette année», poursuit-il par ailleurs dans son article pour le magazine économique, constatant que «le taux d’emploi des 15-64 ans a diminué au second trimestre 2019».
Pour Guillaume Duval, «les mesures bureaucratiques prises au niveau de Pôle emploi pour dissuader les chômeurs de s'inscrire jouent certainement un rôle dans ce découragement croissant de nombreuses personnes».
L'Insee remarque d'ailleurs qu'au deuxième trimestre 2019, 63 000 personnes de plus sont entrées dans le «halo du chômage» – les personnes qui souhaitent travailler mais qui ne sont pas comptabilisées parce qu'elles ne cherchent pas activement ou ne sont pas disponibles immédiatement. Ce «halo» concernerait désormais environ 1,5 million de personnes.
Ajoutons que la croissance est toujours en berne, plafonnant à 0,2% au deuxième trimestre. Nul doute, un éventuel effet positif des réformes, notamment celle sur le code du travail, se fait attendre.
BG
Lire aussi : Baisse de la production industrielle en Allemagne : un prélude à la récession ?