Le vice-président du Conseil italien Luigi di Maio s’est dit convaincu que l’Europe finirait par «comprendre les motivations» de son gouvernement. Dans une interview accordée aux médias italiens le 25 juin et retranscrite par le quotidien Corriere della Sera, il a défendu la politique de dépenses fiscales entraînant un accroissement du déficit et déclaré : «Il faut du courage pour remettre le pays debout […] S'il faut réduire la pression fiscale pour créer des dizaines de milliers d'emplois, nous devons aller de l'avant.»
Le chef de file du Mouvement 5 étoiles s'est dit par ailleurs convaincu que la Ligue, parti nationaliste avec lequel sa formation gouverne, savait parfaitement comment financer ses projets d’allégement de la fiscalité.
La Commission européenne menace de placer l’Italie en procédure pour déficit excessif si Rome ne réduit pas sa dette publique qui atteint près de 130% de son produit intérieur brut (PIB). Cela ouvrirait en théorie la voie à des sanctions financières de l’ordre de 4 milliards d’euros, mais la plupart des Etats membres de l’Union européenne – dont la France et l’Allemagne – se sont déjà retrouvés dans cette procédure sans que cette menace aie jamais été suivie d’effets.
Bruxelles conteste aussi la pertinence des projets de baisses d’impôts prévus par le gouvernement italien s’ils ne sont pas compensées par de nouvelles recettes ou une réduction des dépenses publiques.
Un déficit record depuis plus de 25 ans
L’Italie est le second pays le plus endetté d’Europe derrière la Grèce, mais présente une particularité unique parmi les Etats membres de l’Union européenne : son endettement n’a pas explosé à partir de la crise des subprimes en 2008, mais est beaucoup plus ancien. Au milieu des années 1990, le ratio dette PIB de troisième économie de la zone euro était déjà de 115 % alors qu’il n’était que de 50% environ en France et en Allemagne.
Aujourd’hui le spread, c'est-à-dire l'écart, entre le taux des obligations allemandes et italiennes évolue aux environ de 245 points de base. C’est-à-dire qu’il en coûte environ, 2,45% plus cher à Rome de lever des emprunts d’Etat qu’à Berlin. Malgré tout, le spectre d'une crise de la dette à la grecque, avec un défaut de l'Etat s'est écarté, notamment parce que la dette italienne est désormais détenue en grande partie par des institutions financières italiennes.
A titre de comparaison, le spread entre les bons du Trésor américain et les obligations allemandes à 10 ans est d'environ 230 points de base.