Economie

«Fardeau impossible» : FedEx attaque le département américain du Commerce en justice

Pris entre les sanctions américaines et le gouvernement chinois, le transporteur FedEx accuse le département américain du Commerce de lui faire jouer un rôle de police des exportations. En attendant, le cours de ses actions dévisse.

Le transitaire américain FedEx a annoncé le 23 juin le dépôt d'une plainte contre le département américain du Commerce, qu’il accuse de faire porter par les sociétés de livraison un «fardeau impossible» en raison de ses sanctions commerciales visant certains produits chinois. 

Ainsi, FedEx affirme que la réglementation actuellement en vigueur l'oblige à vérifier que les paquets qu'elle livre à travers le monde respectent la politique américaine de sanctions commerciales notamment envers la Chine, actuellement dans le viseur de l'administration Trump.

Le groupe affirme risquer de très lourdes amendes, alors qu'il est parfois dans l'incapacité de vérifier le contenu des quelque 15 millions de colis qu’il expédie chaque jour. «En l'état, la réglementation actuelle du département du Commerce attend de nous que nous fassions le travail des policiers sur le contrôle des importations et des exportations», a affirmé le PDG de l'entreprise, Fred Smith, interviewé le 23 juin sur la chaîne de télévision américaine Fox News.

Fred Smith a expliqué que 1 100 «entités» (entreprises, organisations, ou personnes) étaient concernées par les mesures de l'administration américaine. La plainte de FedEx est venue clore une journée noire pour le groupe américain : pour la deuxième fois en moins d'un mois, le coursier a été montré du doigt lundi par Pékin à la suite d'un incident impliquant Huawei, le géant chinois des télécoms au cœur du bras de fer entre la Chine et les Etats-Unis. FedEx avait refusé d'acheminer aux Etats-Unis un colis contenant un smartphone de la marque chinoise.

Des millions de colis à vérifier chaque jour

Dans son dossier de plainte déposé devant le tribunal de Washington, FedEx plaide que sa responsabilité ne saurait être raisonnablement engagée pour l’expédition de paquets dont elle ne connaît pas toujours le contenu exact. Dans un communiqué, le transporteur explique que les règles restreignant les exportations l’obligent à contrôler le contenu des millions de colis qu'il expédie chaque jour, ce qui serait une tâche «pratiquement impossible, du point de vue de la logistique, économiquement et dans de nombreux cas, légalement».

Un porte-parole du département américain du Commerce a répondu : «Nous n'avons pas encore examiné la plainte, mais nous sommes néanmoins prêts à défendre le rôle du département du Commerce dans la protection de la sécurité nationale des Etats-Unis.»

Pékin aussi préparerait sa liste noire

En mai, la société de télécommunications chinoise Huawei Technologies a été inscrite sur une liste d’entreprises qui, selon l’administration de Donald Trump, représentent un risque pour la sécurité les Etats-Unis. Cette mesure l’empêche d’acheter de la technologie américaine et lui interdit désormais l’accès aux applications d’entreprises comme Google et en particulier à Android son système d’exploitation pour les smartphones qu’utilisent les smartphones de la marque chinoise.

La Chine serait également en train d'établir sa propre «liste d’entités non fiables» composée d'entreprises, de groupes et de particuliers étrangers. Le journal gouvernemental chinois Global Times a tweeté le 23 juin que FedEx allait probablement être ajouté à cette liste.

Cité par Reuters, Trip Miller directeur associé de Gullane Capital Partners qui détient un portefeuille d’actions de FedEx estimé à 7 millions de dollars a estimé qu’être dans la ligne de mire du gouvernement chinois était «un vent contraire et un risque énorme». Le jour de la publication du tweet de Global Times, le cours des actions de FedEx a chuté de 2,7%, mais depuis le début de ses démêlés avec le gouvernement chinois, il a déjà perdu près de 20%.

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