Selon Bloomberg, l’Europe s’apprête à vivre un nouvel été d’affluence touristique record et Donald Trump a une explication. Il l’a donnée sur Tweeter : «C’est parce que l’euro et d’autres monnaies sont dévaluées contre le dollar, ce qui place les Etats-Unis dans une situation très désavantageuse.»
La veille, dans une interview accordée à la chaîne CNBC il avait également affirmé que la Chine s’était offert un «énorme avantage compétitif» en dévaluant sa monnaie. «N'oubliez pas, que le président de la Fed [non usuel de la Réserve fédérale] en Chine est le président Xi. […] Il peut faire ce qu'il veut. Ils dévaluent […] ou vous diriez simplement qu'ils injectent beaucoup d'argent en Chine, et cela annule dans une certaine mesure - pas complètement - cela annule les droits de douane », a ainsi analysé Trump.
Les propos du président des Etats-Unis à propos d’un euro et d’un yuan «dévalués», coïncident avec des cours historiquement bas face au billet vert. Mais ils contredisent un récent rapport du Trésor américain qui a affirmé qu’aucune devise importante n'avait été manipulée au cours des six derniers mois.
L’importante baisse de l’euro, de 1,25 début 2018 à 1,12 dollar début juin 2019, s’explique par de nombreux facteurs et notamment la politique d’émission monétaire de la Banque centrale européenne qui a injecté dans l’économie de l’Union quelque 2 800 milliards d’euros.
Une politique aussi appelée «assouplissement quantitatif», alors que dans son tweet à propos des dévaluations de l’euro, Donald Trump reprochait à la banque centrale des Etats-Unis des taux d’intérêt «beaucoup trop hauts, en plus d’une ridicule politique de resserrement quantitatif». Et de conclure : «Ils ne comprennent rien !»
La Fed contrainte de «nourrir la bête»
L’action de la banque centrale des Etats-Unis n’est pas toujours appréciée par les présidents des Etats-Unis, mais ils s’abstiennent en général de la critiquer publiquement de façon aussi virulente.
En face l’attitude de Donald Trump est observée avec un certain effarement résumé par Alan Blinder, un ancien vice-président de la Réserve fédérale cité par Reuters. Pour ce proche des Démocrates le régulateur se trouve dans la situation d’avoir à «nourrir la bête».
Et il explique : «Parmi les nombreuses choses dont la Fed doit tenir compte, il y a la politique commerciale. Et si cette politique commerciale risque d’entraîner un marasme, ce sera une raison de baisser les taux [...] mais si la Fed venait à sa rescousse, ça encouragerait ses mauvais comportements.»