De retour de sa tournée en Europe qui a coïncidé avec les célébrations du 75e anniversaire du débarquement en Normandie, Donald Trump s’est de nouveau emporté contre les tarifs douaniers appliqués aux importations en Europe de vins produits aux Etats-Unis.
Dans une interview par téléphone accordée le 10 juin au réseau de télévision américain CNBC, Il a en particulier pointé les vins français et expliqué : «Les producteurs viennent me voir, et me disent : monsieur, nous payons beaucoup d'argent pour vendre nos produits en France, et vous laissez [les vins français] venir pour rien.»
Ce n’est pas la première fois que Donald Trump s’en prend au vin français dans le contexte de son action pour tenter de rééquilibrer le commerce extérieur des Etats-Unis qui, en prenant en compte les biens et les services, présente un déficit moyen de 50 milliards de dollars (44 milliards d’euros) par mois.
Sa dernière attaque avait fait suite, elle aussi à une commémoration en France. C’était en novembre 2018 après les cérémonies marquant le centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale.
A l’époque, Donald Trump avait écrit dans un tweet sur son compte personnel : «A propos de commerce, la France fait un excellent vin, mais les Etats-Unis aussi. Le problème, c'est que la France rend très difficile pour les Etats-Unis de vendre leurs vins en France et impose de gros droits de douane, alors que les Etats-Unis facilitent la vente des vins français. Petits tarifs. Pas juste, il faut que ça change !»
Des droits de douane plus élevés en Europe
Dans la réalité, les tarifs douaniers appliqués aux importations en France de vins et spiritueux des Etats-Unis ne sont pas fixés par Paris, mais harmonisés au niveau de l’UE. Néanmoins le déséquilibre est bien réel. Selon les douanes françaises citées par le quotidien Le Figaro : «Les chiffres montrent que le niveau des droits de douane appliqués par les Etats-Unis aux vins tiers est globalement plus faible que les droits de l'UE pour les mêmes produits.»
L’interview du 10 juin sur CNBC avait un contexte plus général, celui de la guerre commerciale menée par l’administration Trump avec un grand nombre de partenaires commerciaux des Etats-Unis, notamment la Chine et plus récemment le Mexique. Le président répondait en particulier aux accusations de Myron Brilliant, le vice-président de la Chambre de commerce des Etats-Unis qui venait de déclarer sur la même chaîne : «L’utilisation des droits de douane comme une arme – l’augmentation des menaces pesant sur notre économie pour nos agriculteurs, nos fabricants, nos consommateurs – va faire mal à notre pays. Cela crée également une incertitude chez nos partenaires commerciaux.»
Après avoir ironisé sur le nom de son contradicteur en déclarant qu’il n’était «pas si brillant que ça», Donald Trump a tenté de justifier sa politique en répliquant que les Etats-Unis s’étaient ouverts à tous les pays qui en profitaient de «toutes les manières possibles», raison pour laquelle les Etats-Unis auraient cumulé «un déficit de 800 milliards de dollars de depuis des années». En réalité, le déficit commercial ne s’accumule pas d’une année sur l’autre, et il est légèrement inférieur à ce qu’affirme le président des Etats-Unis, mais atteint tout de même mensuellement environ 50 milliards de dollars (44 milliards d’euros).
Toute l’attention est fixée sur la Chine dont Donald Trump devrait rencontrer le président XI Jinping à la fin du mois dans le cadre de la réunion annuelle du G20, le sommet des 20 premières économies mondiales. Mais des négociations sont aussi en cours avec l’Union européenne pour parvenir à un accord commercial, contre l’avis de la France, laquelle a pu imposer que les produits agricoles soient exclus des discussions. Mais on sait que les Etats-Unis, eux, tiennent beaucoup à vendre leurs oléagineux – en particulier le soja – au Vieux Continent.
L’Europe, depuis le début de ces discussions semble avoir largement cédé à la pression américaine puisque elle a augmenté ses importations de soja, souvent OGM, en provenance des Etats-Unis.
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