Economie

Guerre commerciale : Trump ouvre un nouveau front en Inde

Le président des Etats-Unis a annoncé que l'Inde ne bénéficierait plus d’exemptions de taxes sur une partie de ses exportations. Cette décision répondrait aux restrictions d’accès au marché indien dont souffriraient les entreprises américaines.

Les Etats-Unis vont mettre fin, à partir du 5 juin, au régime préférentiel d’exonération de taxes d’importation dont jouissait jusqu’ici l'Inde. Le 31 mai, le président Donald Trump a publié un communiqué dans lequel il explique : «J'ai conclu que l'Inde n'avait pas assuré aux Etats-Unis qu’elle leur offrirait un accès équitable et raisonnable à ses marchés. En conséquence, il est approprié de mettre fin à la désignation de l'Inde comme pays en développement bénéficiaire à partir du 5 juin 2019.»

Cette disposition appelée en américain Generalized System of Preferences (GSP) a permis à l'Inde d'exporter pour 5,6 milliards de dollars (5 milliards d'euros) de biens sans droits de douane en 2017, selon des chiffres du Congrès américain. Le GSP a été mis en place en 1976, et a été proposé à une centaine de pays dans le but de «favoriser la croissance économique dans les pays en développement», selon les explications de l’administration américaine.

Comme avec la plupart des pays, le déficit commercial des Etats-Unis avec l’Inde n’a cessé d’augmenter au cours des 30 dernières années. Ainsi, en 1988, l’Inde vendait pour 440 millions de dollars (400 millions d'euros) de marchandises de plus aux Etats-Unis qu’elle n’en achetait, sur un volume d’échanges bilatéraux de 5,4 milliards de dollars (4,8 milliards d'euros). En 2018 le commerce de marchandises entre les Etats-Unis et l’Inde a atteint 87 milliards de dollars (78 milliards d'euros), et le déficit des Etats-Unis vis-à-vis de l’Inde 21,3 milliards de dollars (19 milliards d'euros).

La fin du bénéfice du GSP pour un pays n’est pas en soi une chose anormale et elle est prévue par la loi sur le commerce de 1974 qui a institué ce système. Au début du mois de mars, Robert Lightizer représentant au commerce des Etats-Unis avait d’ailleurs annoncé par un communiqué que «les Etats-Unis [avaient] l’intention de mettre fin aux désignations de l’Inde et de la Turquie comme pays en développement bénéficiaires du programme du Système généralisé de préférences (SGP) car ils ne répondaient plus aux critères d’éligibilité prévus par la loi».

Inde et Turquie dans le collimateur du représentant au commerce

Mais que l’Inde et la Turquie soient mentionnés dans un même communiqué semble moins être un hasard que la conséquence du choix de ces deux pays de se doter de systèmes de défense anti-aérienne russes S 400, à la grande fureur du département d’Etat.  

En outre, selon les médias indiens, Washington a été particulièrement irrité par le durcissement récent de la réglementation indienne qui a favorisé les entités nationales au détriment des grandes entreprises américaines, en particulier dans le domaine du commerce électronique.

Le gouvernement indien a réagi à l’annonce de Donald Trump en déclarant dans un communiqué qu’il «considérait la question comme un élément de ses relations économiques avec les Etats-Unis et continuerait de renforcer ses liens étroits avec les Etats-Unis, tant économiques que de peuple à peuple».

Pour sa part, le ministre du commerce indien, Anup Wadhawan, a relativisé l’impact de la mesure en expliquant que la réintroduction de taxes sur les 5,6 milliards de dollars (5 milliards d’euros) de produits indiens exportés au titre du GSP ne représentait que 190 millions de dollars (170 millions d’euros) de taxes supplémentaires.

Selon des informations publiées dans les médias indiens, New Delhi envisage d'augmenter les droits de douane sur plus de 20 produits d'importations américains dont des biens agricoles et chimiques.

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