Economie

Le FMI recommande à la France plus de rigueur budgétaire et de favoriser la croissance

Dans son rapport sur la France, le Fonds monétaire international répète jusqu’à l’indigestion ses conseils de rigueur budgétaire. Il propose aussi de réduire les dépenses de santé tout en «protégeant la qualité des services de santé publique».

«La croissance française a ralenti», constate la mission annuelle du Fonds monétaire international (FMI) en France dans son dernier compte rendu. Mais elle estime aussi que cette croissance «reste résiliente et riche en emplois, en partie grâce aux réformes importantes qui ont été mises en œuvre ces dernières années sur le marché de l’emploi et en matière de fiscalité».

L’institution présidée par Christine Lagarde pointe malgré tout «des problèmes structurels [qui] persistent» et en particulier une dette publique et privée élevée, un chômage structurel encore élevé, une croissance atone de la productivité, et des «inégalités d’opportunité».

Aussi le FMI préconise-t-il la poursuite des «réformes» tout en estimant qu’«un consensus social autour des réformes prioritaires est essentiel pour en assurer le succès, au profit de tous les citoyens et des générations futures».

L’institution basée à Washington recommande avant tout de «préserver la viabilité des finances publiques et [d’]accroître l’efficience du secteur public». Elle approuve aussi les réformes en cours ou prévues de la fonction publique et des systèmes de retraites et d’assurance chômage.

Mais le FMI préconise également de «s’assurer que la réduction en cours de la charge fiscale puisse s’inscrire dans la durée et que la dette publique soit placée sur une trajectoire clairement à la baisse», ce qui n’est pas le cas actuellement.

Dette : de 20% du PIB dans les années 1980 à près de 100% aujourd'hui

En outre, dans son communiqué, la mission du FMI souligne que «la dette publique française est trop élevée». Même si elle reconnaît que les taux d’intérêt bas la rendent soutenable, elle s’inquiète des perspectives à moyen et long terme, après avoir souligné que la dette française était passée de 20% du PIB au début des années 1980 à près de 100% aujourd'hui.

Les experts du FMI soulignent aussi que «les autorités ont promulgué des réformes importantes sur le marché du travail et en matière de fiscalité afin de soutenir l’investissement, l’emploi et la croissance» et estiment que ces réformes ont contribué à la «résilience de l’économie». Ils omettent toutefois de donner des indicateurs chiffrés et concrets qui caractériseraient cette «résilience».

Dans son communiqué, le FMI note aussi que le taux d’emploi est au plus haut depuis 10 ans et que le taux de chômage a chuté à 8,7% fin mars 2019. Il ne s’attarde pas en revanche sur le fait que cette période de 10 ans correspond aux suites de la crise financière de 2008 et que depuis, une timide et fragile reprise a fait baisser le chômage partout en Europe. Il n'insiste pas non plus sur le fait que  chômage est passé de 10,1% de la population active (critères Bureau international du travail) à 9,1% en 2017, soit un point de pourcentage en un an, alors que la décrue a depuis largement stagné dans les quinze mois suivants où le chômage n’a baissé que de 0,4 point.

Rigueur et prudence bancaire

Les experts du FMI semblent même rouler en pilote automatique lorsque ils répètent, ligne après ligne, qu’il faut «procéder à un effort budgétaire structurel ambitieux», «placer la dette sur une trajectoire ferme à la baisse» ou encore «consentir un effort considérable du côté des dépenses».

Parfois leurs recommandations laissent également sceptiques lorsque ils suggèrent de «réduire les coûts de la santé (produits médicaux, hôpitaux, centres de consultation externe), tout en protégeant la qualité des services de santé publique».

Dans son rapport, le FMI avance aussi des solutions qui risquent de laisser sceptiques bon nombre d’économistes, par exemple quand il constate que les banques et les assureurs sont actuellement résilients aux scénarios de stress mais recommande malgré tout aux autorités d’«être prêtes à prendre d’autres mesures macroprudentielles et microprudentielles». Autrement dit : obliger les banques à être (encore) plus prudentes en limitant leur ratio de prêts sur fonds propres. Peut-on favoriser une «croissance inclusive» en recommandant aux banques de prêter moins ? Le FMI semble le croire.

Il est vrai que, depuis plusieurs mois, le FMI ne cesse d’alerter sur un risque de crise financière tant aux Etats-Unis qu’en Europe imputable selon lui à un augmentation des dettes spéculatives des entreprises et des Etats.