Economie

Caracas compte sur l’aide de la Russie et de la Chine pour contourner les sanctions américaines

Le Venezuela cherche des appuis pour contourner les sanctions américaines qui visent son industrie pétrolière, première source de revenus du pays. Caracas cherche aussi à abriter ses actifs de raids pilotés par Washington.

«Nous recherchons d'autres moyens de coopérer avec la Russie, la Chine et d'autres pays amis afin de contourner le blocus américain», a déclaré Jorge Arreaza, ministre des Affaires étrangères, lors d'une conférence de presse à l'ambassade du Venezuela le 5 mai à Moscou.

Le ministre vénézuélien a en particulier expliqué que son pays cherchait à renforcer sa coopération avec Moscou, mais aussi avec Pékin, en vue de créer un nouveau système de transactions bancaires permettant de contourner les sanctions financières imposées par les Etats-Unis.

Il a aussi souligné que la République bolivarienne souhaitait créer de nouveaux schémas de contrôle de ses actifs afin de remplacer ceux sous le contrôle de Washington. Mais il a admis que de telles méthodes de coopération ne se matérialiseraient pas du jour au lendemain.

Cette allusion concerne les actifs pétroliers, comme la société PDSVA, mais aussi Citgo, société de droit américain appartenant néanmoins à l’Etat vénézuélien. Fin janvier, l’administration américaine lui a interdit de verser ses revenus à Caracas et les a placés sous séquestre.

Depuis le début de la tentative de coup d’Etat, Juan Guaido, président autoproclamé du Venezuela adoubé par Washington, s’est affairé à exercer des pressions sur le conseil d’administration de Citgo et est parvenu à le renouveler avec des membres désormais sous contrôle de Washington.

Emprunts aux Etats-Unis et tours de passe-passe

Ainsi, le 25 avril, la société pétrolière vénézuélienne a publié un communiqué de presse cité par Reuters déclarant que «l’accord de prêt conclu en mars [l’avait] été en conformité avec toutes les lois américaines applicables».

Ce communiqué répondait à une allocution télévisée du président du Venezuela Nicolas Maduro, qui avait dénoncé précédemment «un vol et un détournement de fonds» d’un montant de 1,3 milliard de dollars au préjudice de Citgo, sans plus de précisions.

Il faisait de toute évidence référence au programme de dette contracté fin mars par le nouveau conseil d’administration auprès d’institutions financières américaines. Immédiatement, l’agence de notation Fitch avait relevé la note de Citgo de «négative» à «stable».

But de la manœuvre : éviter que 49% du capital de Citgo, valorisé à environ 10 milliards de dollars, passe aux mains du russe Rosneft, qui avait consenti fin 2018 à Citgo des prêts gagés sur ses actifs.  

Plus tôt cette année, la Maison Blanche a introduit des restrictions économiques et financières contre le Venezuela. Elles comprennent l’interdiction de l’accès aux paiements en dollars américains et visent le secteur minier et les ventes de pétrole brut, qui sont essentiels pour l’économie vénézuélienne et représentent environ 98% de ses recettes d'exportation.

Le Venezuela dénonce des «détournements de fonds»

Selon le haut responsable, plus de 5 milliards de dollars ont été gelés dans les comptes à l'étranger du Venezuela après que le chef de l'opposition soutenue par les Etats-Unis, Juan Guaido, se fut déclaré président par intérim du pays fin janvier.

En mars, le ministre vénézuélien de la Communication, Jorge Rodriguez, avait de son côté estimé que plus de 30 milliards de dollars avaient été illégalement détournés du Venezuela pendant deux mois à la demande du président américain Donald Trump.

Jorge Arreaza a exprimé l’espoir que la Russie augmente les importations de pétrole du Venezuela et ses investissements dans le secteur pétrolier vénézuélien.

«Non seulement nous espérons que la Russie importera plus de pétrole, mais nous espérons aussi voir la Russie produire davantage de pétrole conjointement avec le Venezuela dans la ceinture pétrolière de l'Orénoque», a déclaré le ministre des Affaires étrangères à l'issue d'un entretien avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

Toutefois, les livraisons actuelles de brut vénézuélien à la Russie et à la Chine ne lui rapportent plus de devises, car elles servent à rembourser des prêts.