Economie

Une proposition du Medef visant à réduire le chômage des seniors fait débat

Geoffroy Roux de Bézieux a tenu le 18 avril une conférence de presse au cours de laquelle il a proposé de donner le droit aux entreprises de moins payer les seniors afin de favoriser leur employabilité. Le projet a immédiatement fait réagir.

La nouvelle idée de Geoffroy Roux de Bézieux fait déjà grincer des dents. Lors d’une conférence de presse donnée par le président du Medef le 18 avril, ce dernier a proposé, afin de réduire le chômage des seniors, qu’ils puissent accepter, à partir de 55 ans, une rémunération moindre lorsqu’ils retrouvent un emploi. Jusqu’à leur départ en retraite, les salariés toucheraient une prime compensatoire, baptisée «aide différentielle», afin de maintenir un niveau de vie équivalent et ainsi de ne pas paupériser une catégorie sociale déjà affaiblie. Cette prime serait payée par «l’assurance chômage et/ou Pôle emploi», d’après Geoffroy Roux de Bézieux.

Les syndicats vent debout, la ministre réfléchit

Alors que les syndicats combattent déjà la proposition de l’organisation patronale visant à faire passer l’âge légal du départ à la retraire de 62 à 64 d’ici 2028, Marylise Léon, secrétaire adjointe de la CFDT, s’insurge au micro de RTL. «C’est une proposition à la fois irresponsable et incohérente. On ne peut pas demander à ce que les travailleurs travaillent plus vieux et considérer qu’à partir d’un certain âge le salaire soit compensé et par l’assurance chômage et par Pôle emploi […] Il n’est pas question de payer moins cher un salarié senior parce qu’il est senior, c’est absolument discriminatoire», a-t-elle affirmé. Le négociateur de Force ouvrière, Michel Beaugas, dont le syndicat vient de se retirer des négociations sur la réforme des retraites, cité par RTL, ironise : «L’idéal serait d’abord de ne pas licencier les seniors à 55 ans pour commencer.»

«L’idéal serait d’abord de ne pas licencier les seniors à 55 ans pour commencer»

Pour sa part, Muriel Penicaud, ministre du Travail, souhaite en débattre. «Il y a quand même une éviction du marché du travail des seniors en France, qui est quelque chose que je veux combattre. [...] Je trouve que c'est un bon sujet, à discuter avec les partenaires sociaux. On va voir ce qu'on peut faire pour améliorer la situation», a-t-elle déclaré, toujours à RTL.

Selon un cadre du Medef, toujours repris par RTL, le dispositif aurait un triple avantage. Il réduirait les coûts des entreprises, maintiendrait le salarié dans l’emploi et diminuerait les frais de l’assurance chômage, cette dernière ne devant fournir qu’un petit complément au lieu d’une indemnisation complète. Ce dernier argument ne prend pas en compte le taux de demandeurs d’emploi de longue durée chez les plus de 50 ans, qui ne sont, de fait, plus indemnisés. D’après un document du Medef, cité par RTL : «Ils seraient 900 000 chômeurs de longue durée, soit une augmentation de +390% en 10 ans.» Interrogé par le média sur cette triple efficacité, Pôle emploi s’est refusé à commenter cette proposition.

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