Economie

Selon l’Insee, la France perdrait 0,6 point de croissance en cas de Brexit sans accord

Une sortie sans accord du Royaume-Uni de l'Union européenne pourrait amputer à long terme de 1,7% le produit intérieur brut français, selon l'Insee, qui prévoit au Royaume-Uni 1,5% de perte de croissance dès 2019.

Dans sa dernière note de conjoncture trimestrielle, l’Insee étudie un «scénario alternatif» de prévision pour le Royaume-Uni en cas de Brexit sans accord.

Selon l’Institut national de statistiques, un Brexit sans accord se traduirait dès le 30 mars 2019 par une hausse des barrières douanières, automatique, sauf si le gouvernement britannique décidait de retarder la hausse des droits de douane appliqués aux importations en provenance de l’UE et de réduire temporairement une partie des droits appliqués aux importations en provenance du reste du monde.

En cas de scénario de soft Brexit, c'est-à-dire un accord enclenchant une période de transition jusqu'au 31 décembre 2020, l'effet cumulé de la remontée des droits de douanes sur l'activité française serait de 0,3% du PIB, «étalé sur plusieurs trimestres» autrement dit négligeable sauf pour certaines entreprises rares réalisant une part très importante de leur commerce international avec le Royaume-Uni.

Barrières non tarifaires et droits de douane

Mais en cas de «hard Brexit», à savoir une sortie sans accord, la hausse des droits de douane pèserait à hauteur de 0,6% du PIB. Cet effet serait un effet de long terme, Londres prévoyant de supprimer temporairement les droits de douane sur 87% des importations pour éviter un choc brutal.

En cumulant barrières non tarifaires et droits de douane, l'impact serait encore plus prononcé : «La valeur ajoutée de la France serait alors amputée à plus long terme de 0,6% dans le cas d'un soft Brexit et de 1,7% dans le cas d'un hard Brexit», explique ainsi l'Insee. Mais dans sa notre de mars, l’Insee s’intéresse avant tout à l’impact de ce scénario alternatif sur l’économie britannique elle-même.

L’institut de statistiques prévoit une baisse de 1,0 % du PIB britannique au deuxième trimestre 2019 et précise qu’il prend en considération des travaux déjà effectués par plusieurs instituts comme le National Institute of Economic and Social Research (NIESR), selon lequel un Brexit sans accord diminuerait de 5,3 % le PIB d’ici 2030.

Cette baisse serait de 1,5 % dès 2019. L’Insee cite également un document de travail de la Bank of England, réalisé à la demande de la Chambre des Communes, estimant lui, qu’une sortie sans accord ni transition ferait baisser le PIB de 4,8 % à 7,8 % d’ici 2023, relativement à un scénario de Brexit avec accord et période de transition.

Pour l’Insee, la date du Brexit étant fixée au 29 mars 2019, le scénario resterait inchangé pour le premier trimestre par rapport à la prévision centrale concernant le Royaume-Uni. Toutefois, dès le deuxième trimestre, l’activité pâtirait nettement d’une sortie de l’UE sans accord : le PIB se replierait de 1,0 % (après + 0,2 % au trimestre précédent).

L'Insee prévoit aussi une chute de la livre sterling

Plusieurs facteurs expliqueraient cette nette baisse. En premier lieu, la livre se déprécierait au moins autant qu’après le référendum de juin 2016. Les prix des produits importés augmenteraient et favoriseraient les pressions inflationnistes, en particulier dans les secteurs énergétique et alimentaire.

En l’absence d’accord concernant la situation des ressortissants de l’Union européenne résidant au Royaume-Uni et à la suite de la délocalisation de certaines entreprises, le nombre d’actifs occupés diminuerait davantage que la population active et le chômage augmenterait.

Face à la hausse des coûts importés, les entreprises n’augmenteraient pas plus les salaires que ce que la hausse de 4,9 % du National Living Wage (NLW) programmée pour le 1er avril 2019 les y oblige : au total, le pouvoir d’achat diminuerait de 0,8 % au deuxième trimestre 2019.

Cette dernière prévision contraste il est vrai très fortement avec les constatations actuelles de l’excellente santé du marché de l’emploi au Royaume-Uni et du dynamisme des salaires.