Economie

Ford écarte la reprise de l’usine de Blanquefort, 850 emplois menacés

Ford a confirmé le 25 février qu'il refusait la dernière offre de reprise de son usine de Blanquefort, près de Bordeaux, par le groupe belge Punch et qu'il continuait de privilégier un plan social pour les 850 salariés du site.

«Ce matin, Ford a confirmé à ses salariés ne pas accepter la dernière proposition du repreneur potentiel et rester concentré sur l'approbation du plan social», a déclaré un porte-parole de l'entreprise à l'AFP. Il a affirmé que, pour le constructeur américain, ce plan restait le choix «permettant aux salariés d'avoir le plus de visibilité sur leurs options à venir».

Le délégué interministériel aux restructurations d'entreprises Jean-Pierre Floris avait déjà annoncé le 22 février ce choix de Ford aux syndicats de l'entreprise qui en avaient informé les médias. Toutefois, ni l'entreprise, ni Bercy, qui s'est beaucoup impliqué dans ce dossier, ne l'avaient confirmé jusqu'ici.

«Si cette décision de Ford devait être confirmée, nous exigerions de l'entreprise qu'elle prenne toute ses responsabilités sociales et financières vis-à-vis de ses salariés et du site industriel», avait simplement déclaré un responsable du ministère des Finances, laissant entendre que le gouvernement se résignait à voir fermer l'usine.

Selon une source proche du dossier citée par l’AFP, une réunion prévue le 25 février en fin d'après-midi à Bercy devrait être l'occasion d'entériner cette fermeture, en l'absence de repreneur solide et faute d'accord de Ford pour une solution alternative. L'administration ayant rejeté fin janvier le plan social de Ford, le gouvernement avait profité du répit pour faire pression sur tous les acteurs afin de trouver une solution.

La nouvelle offre de reprise par Punch Powerglide, dont le contenu n’a pas été rendu public, avait été annoncée triomphalement par Bercy le 18 février mais Ford avait déjà rejeté une première proposition à la mi-décembre en expliquant qu'elle ne lui paraissait pas assez solide, et affirmant qu'un plan social serait plus avantageux pour les salariés.

Une fermeture désormais presque certaine

Même les syndicats se montraient «inquiets» face à l'offre de Punch qui maintenait près de la moitié des emplois mais n'était pas accompagnée de lettres d'intention de clients, faisant redouter un carnet de commandes insuffisant pour faire tourner cette usine de boîtes de vitesse.

Pour Ford la revente du site pourrait s’avérer en fin de compte plus onéreuse que sa fermeture pure et simple. En effet, en cas d’échec du plan de reprise par l’entreprise belge spécialisée dans la construction de boîtes de vitesses, Ford pourrait conserver des responsabilités sociales vis-à vis des salariés de l’usine.

La loi (article L. 1224-1 du code du travail) stipule en effet que «lorsque survient une modification dans la situation juridique de l'employeur, notamment par succession, vente, fusion, transformation du fonds, mise en société de l'entreprise, tous les contrats de travail en cours au jour de la modification subsistent entre le nouvel employeur et le personnel de l'entreprise».

Or, le constructeur automobile américain cherche depuis près de dix ans à se débarrasser de son site industriel en Aquitaine. La question s'était déjà posée en 2013. A l'époque la direction avait fini par accepter un plan quinquennal de maintien de l'emploi, en échange de millions d'euros de subventions, mais ce plan est arrivé à échéance en octobre 2018.    

Le groupe belge Punch s'est alors proposé de racheter le site mais Ford avait refusé cette proposition. Décision que le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait qualifiée de «trahison», laissant planer l'hypothèse d'une nationalisation provisoire du site. Cette option semble aujourd’hui beaucoup moins vraisemblable que la fermeture définitive de l’usine.

Philippe Poutou, ancien candidat à l'élection présidentielle en 2017 et délégué CGT à l'usine de Blanquefort, a réagit dans un communiqué en déclarant : «Nous ne nous satisfaisons pas du discours d’impuissance de l’Etat.»