«Les aéroports du Bourget, de Roissy et d'Orly forment une frontière stratégique pour notre pays», estime Guillaume Peltier, vice-président des Républicains dans une tribune publiée par le Journal du dimanche. Une raison suffisante, selon le député de la 2e circonscription du Loir-et-Cher, pour renoncer à privatiser ADP, la société qui exploite ces trois aéroports.
Dans ce texte les signataires font valoir que ces aéroports «avec près de 100 millions de passagers par an, […] permettent de contrôler étroitement les migrations internationales». Ils se réfèrent aussi à une prévision du FMI selon laquelle les migrations devraient progresser de 4,5% à 6% chaque année d'ici à 2035 en Europe, ce qui ferait selon les calculs des signataires de Roissy-Charles-de-Gaulle «la première porte d'entrée migratoire en Europe».
Dans cette tribune les signataires expliquent aussi qu’ils ne sont pas opposés en général aux privatisations et avancent par exemple : «L'Etat stratège a procédé à des privatisations utiles pour nos concitoyens. Qui souhaiterait remettre en cause la fin du monopole du gaz, des télécommunications ou même du transport aérien ?»
Une position qui correspond bien au vote des sénateurs Les Républicains lors de l’examen récent du projet de loi Pacte. Ces derniers ont effet bloqué la privatisation d’ADP tout en acceptant sans difficulté la liquidation de la participation de l’Etat (actuellement 28%) au capital de ce qui fut jadis Gaz de France.
Dans le texte, les signataires rappellent aussi quelques évidences au gouvernement et notamment qu’un «aéroport est par essence un monopole naturel», expliquant : «Lorsqu'un Francilien voyage en avion, il n'a pas le choix entre Paris ou Berlin.»
En affaiblissant notre souveraineté, le projet de loi actuel insulte l'avenir des générations futures
Le texte a aussi des mots assez durs pour le gouvernement quand il assène : «Privatiser plutôt que réformer : voici le choix caché de la majorité à l'Assemblée. En affaiblissant notre souveraineté, le projet de loi actuel insulte l'avenir des générations futures.»
Toutefois, la tribune de Guillaume Peltier est loin d’avoir fait l’unanimité au sein des deux groupes Les Républicains à l’Assemblée et au Sénat. Sur les 340 parlementaires qu’ils comptent dans les deux chambres, 102 seulement ont co-signé la tribune de Guillaume Peltier. Dans la liste des signataires publiée par le JDD, on ne trouve, par exemple, les noms d'aucun des deux présidents de groupe, Christian Jacob (Assemblée nationale) et Bruno Retailleau (Sénat).