Economie

Alstom : l'intersyndicale redit son opposition au projet de fusion avec Siemens

L'intersyndicale franco-belge d'Alstom rappelle son opposition au projet de fusion du groupe français avec l'allemand Siemens, et réclame «une véritable stratégie industrielle pour le ferroviaire, en France et en Europe».

«Alstom devrait mieux investir, à notre avis, dans l'innovation et la R&D [recherche et développement] pour répondre aux besoins ferroviaires de demain», estiment les syndicats français CFE-CGC, CGT, FO et CFDT, et belges FGTB/MWB, FGTB/Setca, CSC/Metea et CSC/CNE, dans un communiqué publié le 15 janvier.

Dénonçant un «mauvais» projet, «purement capitalistique et financier», qui «profiterait majoritairement à Siemens», l'intersyndicale du fabricant du TGV considère que «cette opération est tout sauf un vrai Airbus du rail».

«Des cessions importantes d'activités reviendraient à démanteler Alstom [ainsi que] l'industrie ferroviaire française et européenne », craignent les syndicats. En outre, ils affirment que «les synergies estimées à 470 millions d'euros consistent en des réductions de gamme de produits, de capacité de conception et de capacités industrielles, ce qui peut se traduire par 4 000 à 7 000 suppressions de postes dans les années à venir, essentiellement en Europe, alors que la demande ferroviaire explose».

L'intersyndicale a publié ce communiqué alors que les doutes s'accumulent depuis plusieurs semaines sur ce projet, en raison des réticences de la Commission européenne à donner son aval.

La fusion est soutenue par Paris et Berlin, qui veulent créer un groupe capable de rivaliser avec le géant chinois CRRC. Mais la Commission s'inquiète de la position dominante qu'aurait cette nouvelle entité, qui risquerait de faire grimper les prix et de freiner l'innovation dans l'Union européenne.

Le 12 décembre, Siemens et Alstom avaient tenté d'amadouer la Commission européenne en proposant des concessions modestes. Mais, le 18 décembre, la commissaire européenne chargée de la Concurrence, Margrethe Vestager, avait formulé ses craintes quant aux effets de la fusion, notamment pour les trains à très grande vitesse. Depuis, plusieurs autorités nationales de la concurrence de pays européens, dont l'autorité allemande, ont fait part de leurs réserves.

La semaine dernière, lors d'un discours à Berlin, Margrethe Vestager avait estimé que l'on ne pouvait pas construire des champions européens «avec des fusions qui nuisent à la concurrence». De son côté, le ministre français de l’Economie, Bruno Le Maire, est monté plusieurs fois au créneau pour défendre fermement ce dossier.

La Commission européenne a jusqu'au 18 février pour approuver ou non ce projet, annoncé en septembre 2017.