Economie

Guerre commerciale : selon Natixis la Chine va dominer les Etats-Unis par sa capacité à investir

Selon Natixis, la Chine possède un atout de poids dans son bras de fer économique avec les Etats-Unis : ses surplus d'actifs. Et alors que les Etats-Unis creusent leur dette, la Chine reste en capacité d'investir dans le monde entier.

Le dernier sommet de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC), qui s’est tenu en Papouasie-Nouvelle Guinée en novembre, a de nouveau mis en lumière la confrontation acharnée opposant la Chine et les Etats-Unis et leur concurrence afin de s'imposer comme le pays le plus influent en Asie. Les divergences entre les deux poids lourds de la région étaient telles que la réunion s’est terminée sans accord sur un communiqué final. Une première en 30 ans d’histoire de cette enceinte de coopération régionale.

Les Etats-Unis, qui reprochent à la Chine de ne pas ouvrir ses marchés et de violer la propriété intellectuelle, ont imposé des taxes sur 250 milliards de dollars de produits chinois exportés vers les Etats-Unis, sans parvenir à faire baisser notablement leur volume. Quant à la Chine, elle reproche aux Etats-Unis leur protectionnisme, les obstacles au libre-échange et leur opposition au multilatéralisme.

Dans ce conflit commercial sous-tendu par des objectifs géopolitiques, la banque publique Natixis estime que la Chine détient une arme massive : sa capacité à épargner et à investir dans le reste du monde. Un atout qui s’ajoute à sa croissance vigoureuse et à une montée en gamme caractérisée par l’augmentation des dépenses en recherche et développement, du nombre de jeunes ayant reçu une éducation supérieure et des investissements dans les nouvelles technologies de l’information.

Echange bons du Trésor contre mines ou infrastructures

Les chiffres les plus révélateurs de cette force de frappe sont le taux d’épargne et le solde des actifs extérieurs nets. Ainsi, le taux d’épargne ramené au produit intérieur brut (PIB) plafonne sous la barre des 20% aux Etats-Unis contre près de 45% en Chine. Quant au solde net des actifs financiers extérieurs, il représente un surplus de près de 2 000 milliards de dollars, principalement constitué de créances sur des dettes souveraines, alors que les Etats-Unis affichent un solde négatif net évalué à quelque 8 000 milliards de dettes.

Mais surtout, le profil des actifs extérieurs de la Chine a commencé à changer. Depuis la fin de l’année 2014, les réserves de change chinoises, en grandes partie détenues sous forme de bons du Trésor des Etats-Unis pour leur composante dollar, ont entamé une décrue, passant en quatre ans d’un stock de près de 4 000 milliards de dollars à un peu plus de 3 000.

Dans son bulletin daté du 13 décembre, la cellule de recherche de Natixis, dirigée par Patrick Artus, résume ainsi ses perspectives : «La taille des actifs de la Chine (domestiques et extérieurs) va continuer à croître, avec l’épargne élevée et l’excédent extérieur, permettant à la Chine d’acquérir des actifs financiers, des entreprises, des actifs réels (ressources naturelles, infrastructures), dans le reste du Monde, et donc d’[y]accroître son influence.»

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