Economie

Du glyphosate dans la prostate : Jean-Claude Terlet, paysan, attaque Monsanto pour «empoisonnement»

Un agriculteur d’un village de l'Aisne a décidé de porter plainte pour «empoisonnement» contre le géant américain Monsanto qu'il estime responsable de son cancer. Au moment du passage sous contrôle du groupe Bayer, les procès se multiplient.

Opéré en 2017 d’une prostate rongée par des cellules cancéreuses, Jean-Claude a demandé à faire une analyse d’urine au CHU de Reims (Marne) pour rechercher la présence de produits chimiques dans son organisme. 

Résultat : «0,25 mg de glyphosate par litre dans les urines, c'est énorme», résume-t-il, cité par l’AFP le 22 août. Il en conclut que son cancer a été causé par l’herbicide, «d'autant que dans cette analyse aucun autre produit de traitement n'apparaît.» 

Ce père de trois enfants a utilisé du Round Up, herbicide contenant du glyphosate fabriqué par Monsanto, jusqu'en 2015, soit pendant une trentaine d'années de labeur «dans les chaumes pour détruire les vivaces, les bordures de bois où il y a des orties». Il explique avoir eu recours à ce puissant systémique parce qu'il détruit la plante «pour toujours».

Expertise médicale attendue en septembre

En mai 2017, son avocat, Emmanuel Ludot, a déposé auprès du procureur de Lyon une plainte pour «empoisonnement» contre la multinationale américaine. L'agriculteur sera soumis à une expertise médicale en septembre pour établir si son cancer résulte effectivement de l'utilisation du Round Up.

Le 10 août, un tribunal de San Francisco, aux Etats-Unis, a condamné Monsanto à verser près de 290 millions de dollars (250 millions d’euros) de dommages à Dewayne Johnson, un jardinier américain de 46 ans atteint d'un cancer, pour ne pas avoir informé de la dangerosité de son herbicide au glyphosate, jugé responsable de sa maladie. Monsanto, désormais propriété du groupe pharmaceutique allemand Bayer, a annoncé qu'il ferait appel, affirmant que son produit n'était pas cancérigène.

«A mon sens, c'était tout à fait logique que Monsanto soit condamné», estime l’agriculteur du village de Celles-sur Aisne, à une dizaine de kilomètres de Soissons. Lui aussi reproche au fabricant de ne pas avoir averti les utilisateurs de la dangerosité du produit.

Monsanto condamné (aux Etats-Unis) pour ne pas avoir informé de la dangerosité de son produit

Favorable à son interdiction définitive, le septuagénaire vilipende le manque d'harmonisation des politiques agricoles communes, mais doute aussi qu'un éventuel produit de substitution soit moins nocif. A ses yeux, un retour au désherbage mécanique pourrait être viable, «à la seule condition que les charges soient moins fortes», question de «rentabilité».

L'agriculteur appelle désormais au réveil de ses pairs qu'il juge peu «solidaires», tandis que plusieurs actions en justice ont déjà été intentées contre Monsanto ces dernières années en France.

Je suis un teigneux, j'irai jusqu'au bout

Conscient qu'un procès s'annonce long et coûteux au regard de sa maigre retraite, Jean-Claude Terlet se montre déterminé à obtenir une indemnisation à hauteur de son préjudice et annonce : «Je suis un teigneux, j'irai jusqu'au bout.»

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