La guerre des mots a commencé entre les Etats-Unis et la Chine, qui ont l'un et l'autre fait planer diverses menaces sur les échanges commerciaux entre les deux pays, le 22 mars.
C'est le président américain Donald Trump qui a ouvert les hostilités, en signant «un memorandum ciblant l'agression économique de la Chine», dont l'objectif affiché est de répondre aux «pratiques déloyales» du géant asiatique. A cette occasion, il a évoqué des mesures punitives contre les importations chinoises d'un montant pouvant atteindre «60 milliards de dollars».
Mais son annonce s'apparente toutefois davantage à un avertissement qu'à la mise en place de mesures concrètes. Les mesures annoncées ne brillent en effet pas par leur clarté, le chef d'Etat n'ayant pas précisé si cette somme constituait la valeur des importations qui seraient taxées ou bien le montant des taxes à récolter. Des clarifications pourraient cependant faites début avril, lorsque l'administration américaine publiera une liste de produits concernés.
Poker menteur entre Pékin et Washington
En tout état de cause, la réaction de Pékin ne s'est pas fait attendre. «La Chine n'a en aucun cas peur d'une guerre commerciale», a ainsi averti le ministère chinois du Commerce dans les heures qui ont suivi l'annonce américaine. L'ambassade de Chine à Washington a assuré que Pékin «se battr[ait] jusqu'au bout» et par «tous les moyens nécessaires» si les Etats-Unis venaient à s'aventurer sur ce terrain.
Un discours résolument offensif qui ne masque pas la partie de poker menteur que se livrent Pékin et Washington. Si la Chine a a dévoilé une liste de 128 produits ou lignes tarifaires, sur lesquels elle appliquera des droits de douane de 15% ou 25% en cas d'échec des négociations avec Washington, ces mesures de rétorsion semblent toutefois modérées. Les produits visés correspondaient à trois milliards de dollars d'importations en Chine l'an dernier, soit à peine 2% du total des exportations américaines vers ce pays (154 milliards, selon les douanes chinoises). Et un produit hautement stratégique pour l'agriculture américaine tel que le soja se voit épargné.
Comme l'observe l'économiste Betty Wang de la banque ANZ citée par l'AFP, ces représailles «sont relativement douces» et laissent la porte grande ouverte au dialogue et à la négociation.
Côté américain, la stratégie est similaire : le secrétaire au Commerce Wilbur Ross a assuré que les mesures annoncées par Washington étaient un «prélude à une série de négociations». Et les deux pays se sont dits prêts à déclencher des procédures devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC) afin de régler leurs différends.