«13% du déclin de l’emploi manufacturier en France de 2001 à 2007 serait imputable à la concurrence chinoise», selon la dernière livraison, parue fin février, de Rue de la Banque, la revue d’économie publiée par la Banque de France. Cette publication technique s’est intéressée aux «effets de la concurrence des importations chinoises sur la structure locale de l’emploi et des salaires en France». Elle montre que les importations chinoises ont eu des effets variés selon les secteurs d’activités. Et, c’est le secteur manufacturier qui a le plus souffert. Par exemple, la croissance des exportations chinoises a été très élevée dans les industries textiles et d’habillement, ou encore dans celles des jouets, et plutôt limitée dans les industries chimiques, pharmaceutiques ou agroalimentaires.
Toutefois, l’étude note que la destruction d’emplois (ou l’entrave à la création de nouveaux emplois) a des effets au-delà des secteurs d’activités directement concernés par la concurrence et révèle des effets multiplicateurs. Ainsi, l’étude affirme que «la destruction locale de dix emplois dans le secteur manufacturier aboutit à la disparition de six emplois environ dans le secteur non exportable – sur un horizon de six ans». Elle estime ainsi que «la hausse moyenne de la concurrence chinoise sur la période 2001-2007 implique une diminution de 3,5% de l’emploi non manufacturier au niveau local».
Les exportations chinoises ont aussi aggravé les inégalités salariales
L’étude s’est aussi intéressée à la comparaison entre les importations venant des pays réputés à bas coûts de production et la Chine. Elle montre de façon nette que les importations en provenance de Chine ont connu un développement bien plus rapide que les autres, et que cette tendance a connu une accélération importante à partir de 2001, année où la Chine a rejoint l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Elle montre enfin que la pression des exportations a eu un effet démultiplicateur sur les écarts de salaire avec un effet positif sur les rémunérations les plus élevées et un effet négatif sur les plus basses.
Prudente, l’étude ne porte pas de jugement général sur les bienfaits ou méfaits des échanges commerciaux entre la France et la Chine et n’exclut pas que les gains de productivité (ici baisse du prix d’un produit par rapport à son coût de production) aient finalement bénéficié aux consommateurs, mais elle n’a pas mesuré ces effets éventuels.