«Il est important que l'Union européenne [UE] réagisse rapidement et de manière proportionnée, dans le cadre de l'OMC», a déclaré le 5 mars, le président de la République française Emmanuel Macron, à propos des menaces brandies par Donald Trump qui veut taxer les importations d’acier et d’aluminium aux Etats-Unis.
«L'UE serait en droit, et ce serait le souhait de la France, de mener une action auprès de l'OMC et de prendre des contre-mesures» sur des biens américains, a-t-il ajouté, en présence du Premier ministre du Québec, Philippe Couillard, qui est en visite officielle en France.
Dans la semaine, le président des Etats-Unis devrait décréter des taxes d’importation de 25% sur l’acier et de 10% sur l’aluminium. Une perspective particulièrement délicate pour Robert Lighthizer, le représentant au Commerce américain. En effet, il rencontre, ce 5 mars à Mexico, Chrystia Freeland et Ildefonso Guajardo, ses homologues canadien et mexicain, pour finaliser un nouveau round de négociations sur l’Alena, l’Association de libre échange nord-américaine, dont Donald Trump a imposé la renégociation.
Toutefois, contrairement aux autres partenaires de Washington et notamment l'UE, les deux voisins des Etats-Unis pourraient être exemptés de ces taxes. Mais à une condition de taille : qu'un accord «nouveau et juste» sur l’Alena soit signé, selon un représentant du parti républicain cité par Reuters. Or, seul Donald Trump sait ce que serait «un commerce international équitable», tel qu’il l’a préconisé lors du récent Forum de Davos.
La Chine prête à prendre les «mesures nécessaires»
La Chine, quant à elle, a déjà fait savoir, par la voix de Zhang Yesui, porte-parole du Parlement, qu’elle «prendra[it] les mesures nécessaires» si les Etats-Unis portaient préjudice à «ses intérêts économiques». Zhang Yesui a notamment prononcé le terme de «guerre commerciale», pour préciser toutefois que la Chine ne la souhaitait pas. L'expression est d'ailleurs désormais banalisée par la presse internationale. Ainsi, la BBC évoque elle, carrément, une «guerre commerciale de Trump» en titre d’un article récent publié sur son site web.
L’Europe elle, a ouvert les hostilités le 2 mars dernier quand le président de la Commission européenne a déclaré, à Hambourg en Allemagne, que l'UE allait «mettre en place des contre-mesures concernant les droits d'importation de produits américains, notamment Harley-Davidson, le bourbon et les jeans Levi's». Ce qui avait provoqué une riposte quasi-immédiate du président américain sur Twitter, sur son média favori :
On taxera vos voitures
Les marchés d'actions en baisse aux Etats-Unis et à Londres
En attendant, les marchés continuent d’exprimer leur inquiétude face à la menace d’une «guerre commerciale». A Londres, les principales valeurs de la cote ont connu une cinquième journée consécutive de baisse. Les analystes redoutent une chute des bénéfices des entreprises, des retours sur investissement en capital et une baisse de la croissance pour le cas où l’Union européenne, la Chine et le Canada mettraient à exécution les mesures de rétorsion annoncées. A Wall Street, la communauté financière redoute les mêmes effets et l’indice Dow Jones a perdu 3% la semaine dernière. Le 5 mars, une légère baisse des valeurs américaines de l’acier, en principe favorisées par les mesures de Donald Trump, faisait les gros titres de Reuters.
L'influente revue électronique Business Insider, s’est même alarmée au point d'appeler le Parlement américain à la rescousse en titrant : «Le Sénat peut et doit empêcher Trump de déclencher une guerre commerciale.»
Reste à savoir quel effets auront les réactions internationales et américaines à la stratégie économique de Donald Trump. Pour sa part, Emmanuel Macron l’a qualifiée de «nationalisme économique».