Fin novembre, la Commission européenne a annoncé, dans un document intitulé «L'avenir de l'alimentation et de l'agriculture», son intention de réformer en profondeur la Politique agricole commune (PAC) d’ici l’été 2018.
Son initiative phare consiste à «renforcer les compétences des Etats membres en matière de choix et de modalités d'affectation des ressources de la PAC». C’est-à-dire que si une directive mettant en œuvre les objectifs annoncés était adoptée, les aides à l’agriculture ne seraient plus décidées au niveau européen, comme c’est le cas depuis 1962, mais au niveau des Etats.
D'autres mesures, assez générales, sont également proposées. Parmi elles le recours aux technologies modernes ; des incitations fiscales à l’attention des jeunes pour s'engager dans l'agriculture ; la prise en compte des préoccupations des citoyens en ce qui concerne «la production agricole durable» ; la cohérence entre les politiques de l'Union notamment en matière de commerce, de migration et de développement durable et la création d’une plateforme sur la gestion des risques face aux incertitudes du climat, à la volatilité des marchés et aux autres risques.
Les producteurs dénoncent une «mort programmée de la politique agricole commune»
Mais l’Association générale des producteurs de blé et autres céréales (AGPB) qui représente les intérêts des producteurs français s’est immédiatement insurgée contre ce programme. Les agriculteurs de l’AGPB, qui représentent 20% des récoltes de céréales de l'Union européenne, y voient surtout une «mort programmée de la Politique agricole commune». Dans un communiqué publié sur leur site, ils font un «terrible constat» : selon eux, «la Commission propose moins d’Europe et toujours plus de subsidiarité, soit plus de pouvoir discrétionnaire laissé aux Etats membres».
Ils redoutent ce qu'ils appellent une «renationalisation de la PAC» pour deux raisons principales : des distorsions de concurrence qui seraient selon eux aggravées au sein de l’Europe, et l’apparition de disparités entre les producteurs français en fonction de choix faits au niveau régional ou national. Ils demandent donc à la Commission et au gouvernement français une concertation avec la profession agricole et que soit réaffirmée leur ambition de «produire plus, produire mieux et de vivre de leur travail dans une Europe unifiée» et affirment un slogan : «à marché unique, règles uniques !»
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