Economie

Selon l'Insee les Français ont un meilleur niveau de vie moyen que les Allemands

Les derniers chiffres de l'Insee le prouvent : le niveau de vie moyen ne dépend pas du taux de chômage. Ainsi selon les dernières données disponibles, les Français auraient en moyenne un pouvoir d'achat parmi les plus élevés de l'Union européenne

L’édition 2017 de France, portrait social, recueil annuel de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), paru le 21 novembre, apporte des informations inattendues sur le niveau de vie annuel moyen des Français. A 24 982 euros, c’est le sixième plus élevé parmi les 28 Etats membres actuels de l’Union européenne (UE), derrière le Luxembourg (39 707 euros), le Danemark, la Suède, la Finlande et l’Autriche. Mais en parité de pouvoir d’achat, c’est le troisième avec 23 196 euros par an, derrière le Luxembourg (32 969 euros) et l’Autriche (24 531), mais légèrement devant l’Allemagne (23 155), ainsi que les pays scandinaves de l’UE (Suède, Finlande et Danemark) et le Royaume-Uni (21 086). La notion de niveau de vie prend en compte les revenus des ménages, salaires et autres, ainsi que les prestations sociales moins les impôts directs. Elle est calculée à partir de données administratives et les comparaisons entre Etats de l’UE sont réalisées à partir des données fournies par Eurostat. 

Chômage en France, augmentation du taux de pauvreté en Allemagne

Le niveau de vie moyen et le taux de pauvreté, contrairement à l’idée qui viendrait le plus naturellement à l’esprit, ne sont pas corrélés aux indicateurs de l’emploi comme le salaire annuel brut moyen et le taux de chômage. Par exemple, le salaire moyen en équivalent temps plein, dans l’industrie, la construction et les services marchands, était en France, en 2016, d’environ 40 000 euros. Ce qui est un peu au-dessus de la moyenne européenne et installe la France à la 11e place, derrière les Pays d’Europe du Nord, ceux du Bénélux et le Royaume-Uni. Quant au taux de chômage, selon les critères du Bureau international du travail (et non de Pôle emploi), il était en France, en 2016, d’environ 10%, dans la moyenne de la zone euro, mais très au-dessus de l’Allemagne et du Royaume-Uni tous deux proches de 4%. Pourtant, ces deux pays affichaient chacun un taux de pauvreté (nombre de personnes vivant avec moins de 60% du niveau de médian) de 17% contre 14% en France.

Ainsi, les réformes du marché du travail et des retraites, engagées dans les années 2000 en Allemagne par le social-démocrate Gerhard Schröder, prédécesseur d’Angela Merkel, semblent avoir significativement réduit le chômage et rétabli les comptes publics. Mais, elles ne se sont pas accompagnées d’un sursaut de prospérité pour les Allemands. Au contraire, ils connaissent des inégalités sociales grandissantes et un nombre croissant de travailleurs et de retraités pauvres.

Enfin, si le niveau de vie moyen des Français est aussi élevé, c'est en partie grâce à un généreux système de prestations sociales. La France est d'ailleurs le pays qui leur consacre la plus grande part de son produit intérieur brut (PIB), 34,4%, contre 29% en Allemagne et une moyenne communautaire de 28%. Or, avec un endettement proche de 96% du PIB et une volonté affichée par le gouvernement de le réduire, on peut présager que la protection sociale est amenée à se réduire dans les années à venir. Des causes et des effets à méditer au moment où la France s’engage dans une libéralisation de la législation du travail et une nouvelle réforme du système de retraites.


Lire aussi : L'Allemagne en crise : vers de nouvelles élections et une probable démission d'Angela Merkel