Economie

Malgré une hausse de son chiffre d'affaires, Veolia va supprimer des centaines d'emplois en France

Les syndicats ont approuvé un accord sur les mesures d'accompagnement d'un plan social, mais refusent les départs contraints. La rentabilité de la branche eau en France est en cause alors que le groupe engrange les nouveaux contrats à l'étranger.

Le groupe Veolia va supprimer des centaines d'emplois en France. Interrogé par RT le groupe précise que «les bouleversements que connaît le secteur de l’eau en France depuis quelques années ont entraîné une profonde mutation de [son] activité [...] et de ses modes de fonctionnement et que dans le même temps sa  rentabilité s’est beaucoup dégradée». Un «plan de sauvegarde de l'emploi» (PSE) avait été annoncé dès le 20 juin. Il prévoyait la suppression de 1 647 postes, dont déjà 97 vacants et des créations de postes en mobilité géographique ou fonctionnelle, soit, selon les informations communiquées par Veolia un sureffectif net de 572 salariés.

Depuis, ce chiffre a été revu à la baisse, à 533 poste dans la version présentée le 30 octobre au comité général d’entreprise. Mais les syndicats ont affirmé dès le début que selon eux plus de 1 500 salariés étaient menacés, du fait des mobilités géographiques ou fonctionnelles qui ne seraient pas forcément possibles. De son côté la direction de Veolia nous a confié que le nombre départs contraints n'était pas encore connu car il «sera[it] fonction du nombre de personnes qui n’auront pas été retenues dans la mobilité ou qui n’auront pas été volontaires». Etalé sur trois ans, le plan social prévoit des départs en retraite anticipés et un plan de départs volontaires, sans exclure des départs contraints. Il épargne les fonctions d’exploitation et concernera surtout les services client, avec la suppression de la majeure partie des centres d'appel.

Les syndicats acceptent les mesures d'accompagnement, mais refusent les licenciements

Les trois syndicats majoritaires CGT, CFE-CGC et FO ont signé, le 15 novembre le texte sur les mesures d’accompagnement. Y figurent des dispositions destinées à favoriser la mobilité interne (aide au déménagement, travail à distance, compensation transitoire d'un différentiel de salaire) et l’allongement de la période d'éligibilité pour les mesures d'âge, ainsi qu' «un régime d’indemnité très supérieur au régime conventionnel» et des aides à la création d'entreprise.

Mais ils rappellent que la signature de cet accord «ne signifie en aucun cas [qu’ils] partagent l’analyse de la direction quant à la nécessité et la pertinence de ce projet de réorganisation», le quatrième depuis 2014. La CFDT va elle aussi parapher ce texte qu'elle a qualifié de «compromis acceptable pour une organisation syndicale responsable». Mais son représentant, Hervé Deroubaix, a déclaré à l’AFP que cette signature ne signifiait pas que le syndicat acceptait les départs contraints. Depuis 2014, les effectifs de Veolia en France ont déjà fondu d'environ 3 000 personnes, selon les syndicats. Mais Veolia, sans contester ce chiffre précise que «la réduction évoquée s’est étalée sur un période plus  longue : entre 2012 et 2016»et ajoute : «Ces réductions d’effectif sont liées d’une part, aux efforts de productivité engagés depuis 2012 [...] et d’autre part aux plan de départs volontaires de 2014 et 2017 rendus nécessaire par le maintien de la compétitivité de  Veolia  Eau France confronté à un marché en profonde  mutation.»

Présent dans le monde entier avec 163 000 salariés, dont 31% en France et 39% dans le reste de l’Europe, le groupe Veolia comprend trois activités : la fourniture et l’assainissement d’eau, la gestion des déchets et l’énergie. En 2016, il a fourni de l’eau potable à 100 millions de foyers, valorisé 30 millions de tonnes de déchets et produit 54 millions de mégawattheures, réalisant un chiffre d’affaires consolidé de 24,39 milliards d’euros. L’Europe (hors France) est son premier marché devant le reste du monde et la France seule zone où son chiffre d’affaires est en recul. Sur l’ensemble, celui-ci progresse de 3,7% en valeur et a pâti d’effets de change négatifs notamment à cause du recul de la livre sterling, sans quoi, selon les informations du groupe, il aurait progressé de 4,4 %.

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