Economie

Le patron de JPMorgan accuse Paris de tout faire pour siphonner les emplois bancaires anglais

Pour Jamie Dimon, Theresa May doit d’urgence négocier un accord de sortie de l’Union européenne favorable aux intérêts de la City. Sans quoi Paris et d’autres capitales seraient sur les rangs pour aspirer les emplois de la finance.

Selon la chaîne d’information en continu britannique Sky News, Jamie Dimon, président et directeur général de la banque américaine JPMorgan Chase & Co a eu le 8 novembre un entretien privé avec le Premier ministre britannique Theresa May et le chancelier de l’échiquier Philip Hammond. Lors de cette rencontre, il aurait affirmé aux ministres que le gouvernement français intensifiait ses efforts pour attirer à Paris des emplois du secteur bancaire britannique.

Dès juillet 2017, le gouvernement français avait annoncé une série de mesures fiscales afin d'attirer les entreprises du secteur financier désireuses (ou contraintes) de quitter Londres. Notamment au moyen de l’abrogation de l'extension prévue en 2018 de la taxe sur les transactions financières (TFF) et de l'exclusion des bonus du calcul des indemnités de licenciement de certains employés comme les traders.

Au moment de la campagne pour le référendum sur le Brexit, Jamie Dimon, qui prenait publiquement position en faveur du «remain» (maintien du Royaume-Uni dans l’UE), avait laissé planer la menace, dans un mémo interne envoyé à ses 16 000 salariés britanniques, de délocaliser 4 000 emplois à Dublin, Frankfort, Luxembourg et Paris. 

La menace d'une délocalisation de 4 000 emplois après le Brexit 

Il aurait depuis fait marche arrière. Mais la chaîne britannique affirme s'attendre «néanmoins à ce que JPMorgan relocalise des centaines d’emplois vers d’autres centres financiers lorsque le Brexit sera effectif». 

Enfin, le patron de la banque américaine aurait aussi, selon Sky News, exprimé une frustration croissante concernant le manque de progression dans la négociation d’un accord post-Brexit. Comme la plupart des patrons de grandes institutions bancaires installées à Londres, il redoute, faute d’un accord avec Bruxelles, la perte du régime de passeports européens sur le marché unique qui permet (entre autres) de vendre des produits financiers dans les 27 Etats membres restants dans l'UE, à partir d’un enregistrement dans un seul pays, en l’occurrence le Royaume-Uni.


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