Economie

Le patron de LafargeHolcim démissionne en raison du financement indirect de groupes terroristes

Eric Olsen, le patron du cimentier franco-suisse LafargeHolcim, quittera ses fonctions le 15 juillet pour tenter de désamorcer le dossier syrien. Son groupe a été mis en cause pour avoir indirectement financé des groupes armés dans ce pays.

Le conseil d'administration du groupe LafargeHolcim a mené une enquête interne sur la responsabilité de son directeur exécutif, Eric Olsen, concernant le financement indirect de groupes terroristes en Syrie. Si l'homme a été mis hors de cause, le conseil d'administration a toutefois accepté sa démission.

«Après avoir procédé à un examen approfondi, le conseil d'administration a conclu qu’Eric Olsen n’était ni responsable ni pouvant être considéré comme informé des actes répréhensibles identifiés dans le cadre de cette enquête», a fait savoir le groupe dans un communiqué.

Le géant franco-suisse des matériaux de construction avait diligenté une enquête au terme de laquelle il a reconnu que des mesures «inacceptables» avaient été prises pour permettre à un site de continuer à fonctionner dans une Syrie déchirée par la guerre. Des erreurs de jugement «significatives», contrevenant au code de conduite de l'entreprise, ont été commises, a reconnu LafargeHolcim qui a clos son enquête et dont un résumé peut être consulté sur son site.

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Cette enquête a confirmé que malgré les mesures prises aux échelons local et régional, certains membres de la direction du groupe avaient eu connaissance de violations de son code de conduite. Les responsables des activités en Syrie ont pensé agir dans les intérêts de l'entreprise avec la conviction que leurs efforts étaient pleinement compris de leurs supérieurs, mais qui, compte tenu du chaos qui régnait dans cette zone de guerre, ont pu conduire à des erreurs de jugement.

«Ma décision est guidée par la conviction qu’elle contribuera à apaiser les fortes tensions qui sont récemment apparues autour de la question de la Syrie», a déclaré Eric Olsen, cité dans le communiqué.

Arrangements avec des groupes armés

Selon une enquête du journal Le Monde publiée en juin dernier, Lafarge avait missionné un intermédiaire pour obtenir de Daesh des laissez-passer pour ses employés aux checkpoints.

Le quotidien avait également évoqué un laissez-passer estampillé du tampon de Daesh pour permettre aux camions d'approvisionner une usine de ciment propriété du groupe, mais aussi l'intervention d'intermédiaires et de négociants visant à vendre au cimentier du pétrole raffiné par Daesh. L'organisation djihadiste avait fini par prendre le contrôle du site en septembre 2014.

Après une plainte du ministère français fin septembre, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire en octobre 2016 sur le groupe, soupçonné d'avoir enfreint les sanctions édictées par l'Union européenne contre le régime de Bachar el-Assad et plus généralement l'interdiction de toute relation avec les organisations terroristes présentes en Syrie.

Une autre plainte, déposée par l'ONG Sherpa, vise quant à elle des faits de financement du terrorisme, de complicité de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité et de mise en danger délibéré d'autrui.

Début mars, LafargeHolcim avait reconnu qu'une filiale locale avait remis des fonds à des parties tierces afin de trouver des arrangements avec un certain nombre de groupes armés, dont des tiers visés par des sanctions, alors que la détérioration de la situation politique avait créé des conditions très difficiles pour assurer la sécurité de l'usine et de ses employés. Le groupe, qui avait déjà évoqué des erreurs de jugement inacceptables au cours de son enquête, avait alors mis en place des mesures correctives, notamment concernant les procédures d'évaluation des tiers.

LafargeHolcim va lancer immédiatement des recherches pour trouver le successeur d'Eric Olsen. Beat Hess, président du conseil d'adminsitration sera aux commandes du groupe dans l'intervalle.

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