Alexeï Koudrine, ministre russe des Finances, a confirmé le 21 mars que la Russie se serait acquittée, comme prévu, de toutes les dettes extérieures contractées par l'URSS «dans les 45 prochains jours». Il s'agira ainsi d'un remboursement anticipé, puisque la Russie avait officiellement jusqu'à l'année 2115 pour s'acquitter des dettes de l'ère soviétique.
La dernière étape du long processus de remboursement des emprunts contractés durant la période soviétique devrait être franchie une fois un accord trouvé avec la Bosnie-Herzégovine. Le pays, ancien membre de la Fédération de Yougoslavie, détient en effet la dernière créance à l'égard de la Russie, s'élevant à environ 140 millions d'euros.
Les dettes de la Russie envers la Yougoslavie ont été réparties entre les différentes entités nées de la dislocation de la fédération en 1991 et dans les années suivantes. La Russie ayant déjà remboursé les parts dues à la Croatie, la Serbie, le Monténégro, la Slovénie et la Macédoine entre 2011 et 2016, il s'agira donc du dernier remboursement effectué par Moscou.
Après l'effondrement de l'URSS, la Fédération de Russie nouvellement créée a hérité d'une dette extérieure colossale – autour de 66 milliards de dollars de l'époque, pour une encaisse or d'à peine quelques millions. La prise en charge de cette dette était l'une des conditions nécessaires à la reconnaissance du nouvel Etat par la communauté internationale comme successeur de l'URSS.
Un endettement hérité de la perestroïka
A partir de la moitié des années 1980, l'URSS s'était lancée dans de vastes opérations d’acquisition d'obligations émises par des Etats occidentaux. Cette démarche s'inscrivait alors dans la politique de perestroïka entreprise par Mikhaïl Gorbatchev. Mais le déficit commercial important envers certains pays, comme la Yougoslavie, explique également le montant considérable des dettes contractées.
«D'un côté, l'URSS fournissait à la Yougoslavie du matériel militaire et de l'énergie, de l'autre, la Yougoslavie exportait des biens manufacturés vers l'URSS : la différence assez forte entre la valeur totale des exportations et des importations entre les deux pays, à l'avantage de Belgrade, explique l'accumulation des dettes de Moscou», note Alexandre Bazikine, juriste au sein du cabinet HEADS Consulting, cité par le quotidien Izvestia.
En 2006, la Russie s'était déjà débarrassée de la majeure partie de sa dette héritée de l'URSS, cette fois auprès du club de Paris, qui regroupe des créanciers tels que la France, les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne. Les sommes dues à plusieurs pays africains, asiatiques et sud-américains avaient également été versées au cours de la décennie passée.
Alexeï Koudrine a également rappelé que de nombreux pays avaient contracté des dettes non négligeables auprès de l'Union soviétique. Le montant total des créances ainsi accumulées par l'URSS s'établirait autour de 30 milliards d'euros. «Il est néanmoins très difficile pour la Russie de réclamer cet argent aujourd'hui», a-t-il expliqué.