Economie

Le géant du nucléaire russe Rosatom espère une coopération avec le français Areva

Le groupe nucléaire russe Rosatom serait intéressé par une participation au capital d'Areva si le gouvernement français donnait son accord, selon un haut responsable de Rosatom.

Dans le cadre d'une restructuration dirigée par le gouvernement, la société Areva, détenue à 87% par l'Etat, va se scinder en plusieurs filiales. Son unité dédiée aux réacteurs sera ainsi vendue à EDF, tandis que son unité de combustible nucléaire deviendra une unité distincte nommée provisoirement NewCo. 

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Par ailleurs Areva a indiqué que des investisseurs tiers avaient fait une offre de 500 millions d'euros pour une participation combinée de 10% dans NewCo et que des pourparlers étaient en cours avec le japonais Mitsubishi Heavy Industries pour la prise d'une participation dans NewCo.

Pour le géant russe du nucléaire Rosatom «l’entrée dans le capital d’Areva n’est pas exclue». «A ce jour, il n’y a pas de négociations [entre Rosatom et Areva]. Mais l’arrivée des Japonais et des Chinois dans leur capital nous inquiète car Areva est notre partenaire», a indiqué le directeur de Rosatom pour l'Europe de l'Ouest, Andreï Rojdestvine, dans une conférence de presse.

En avril 2016, un accord de coopération scientifique et technique a été conclu entre Rosatom et EDF pour améliorer la sûreté des centrales russes. Le conglomérat s’est aussi associé à Engie (autrefois GDF Suez -  troisième plus grand groupe mondial dans le secteur de l'énergie hors pétrole et dont l'Etat français détient un tiers du capital) dans les services nucléaires et même dans l’éolien. «C’est une nouvelle activité pour nous, explique Andreï Rojdestvine. Nous venons de remporter un appel d’offre pour un parc de 600 megawatts en Russie.»

Rosatom s’est également rapproché de Véolia (gestion du cycle de l’eau, gestion et valorisation des déchets et gestion de l’énergie) avec lequel il a conclu un marché dans le traitement de l’eau. Face à la pénurie d’ingénieurs nucléaires en France, le groupe propose ses services, via une coopération avec son institut de formation «Mephi».

Attendre la fin des sanctions

Pour que Rosatom puisse mettre en marche son projet, les relations franco-russes, plutôt tendues à cause du conflit en Ukraine et en Syrie doivent d'abord s'améliorer. A ce propos, François Fillon, l'un des principaux candidats à l'élection présidentielle de mai 2017, a déclaré vouloir rétablir les liens avec la Russie.

Interrogé si une éventuelle victoire de François Fillon à la présidentielle faciliterait l'achat de parts de Areva par Rosatom, Rojdestvine a déclaré qu'après l'élection Rosatom travaillerait avec le nouveau gouvernement français.

Il rappelle également qu’avant la création d’Areva en 2001, Rosatom travaillait avec les ancêtres d'Areva : Framatome et la Cogema. «Il y a des commandes de contrôle d’Areva dans les réacteurs des centrales russes et nous aimerions maintenant élargir notre coopération avec le groupe.»

Rosatom est conseillé par l'ancien directeur général d'EDF, Henri Proglio, qui est membre du conseil d'administration d'Akkuyu Nuclear JSC, une joint-venture à laquelle participe Rosatom pour la construction d'une centrale nucléaire en Turquie.

Areva et Rosatom se placent parmi les meilleurs constructeurs de réacteurs nucléaires au monde, mais Areva, accablée par les problèmes de construction et les dépréciations d'un projet d'extraction d'uranium en Afrique, a dû être sauvée de la faillite par le gouvernement.

Depuis 2007, Areva n'a remporté qu'un contrat majeur - pour le projet Hinkley Point en Grande-Bretagne - alors que Rosatom a signé une série d'accords ces dernières années, principalement dans les pays en développement.

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