«Athènes doit enfin mettre en œuvre les réformes nécessaires», a déclaré le 4 décembre Wolfgang Schäuble à l'édition dominicale de Bild. Le ministre allemand des Finances a une nouvelle fois insisté dans la presse allemande sur la mise en œuvre par le gouvernement grec des réformes qui lui sont réclamées.
Alors que les 19 ministres des Finances de la zone euro se réunissent le 5 décembre à Bruxelles pour discuter de l’allègement de la dette grecque, Wolfgang Schäuble a déclaré que la Grèce aurait à procéder à des réformes impopulaires si elle voulait rester dans la zone euro. Il a également exclu un allègement de la dette grecque et précisé : «Si la Grèce veut rester dans l'euro, il n'y a pas d'échappatoire – et ce, indépendamment du niveau d'endettement.»
Pour Wolfgang Schaüble, si Athènes voulait obtenir de nouveaux emprunts auprès des institutions financières européennes, alors le pays aurait à «libéraliser» le marché du travail, en permettant notamment aux entreprises de licencier plus facilement les salariés.
En réponse, Dimitris Tzanakopoulos, porte-parole du gouvernement grec et cité par l'agence Reuters, a déclaré : «Nous avons clairement indiqué qu'il n'y avait aucune chance que nous acceptions ce que le FMI demande sur les mesures d'austérité et les réformes du travail.» Toutefois, le gouverneur de la Banque de Grèce, Yannis Stournaras, a souligné que de nouvelles mesures étaient nécessaires pour alléger le fardeau de la dette grecque.
Blocage des créanciers et crises en perspective
Le gouvernement d'Angela Merkel a promis au parlement allemand de ne pas demander davantage d'argent pour aider la Grèce, sauf dans le cas où le Fonds monétaire international (FMI) recommencerait à prêter des fonds à Athènes.
Cependant, le FMI refuse de participer financièrement au troisième plan d’aide à la Grèce si la question de sa dette, jugée insoutenable, n’est pas abordée avec ses créanciers. Le FMI, qui a contribué aux précédents plans de sauvetage de la Grèce, a cette fois lié sa participation à un allègement significatif de sa dette.
De son côté, l’Allemagne et son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, persistent à prôner une extrême fermeté face à Athènes. A quelques mois de législatives décisives pour la chancelière Angela Merkel, Berlin renvoie toute idée de restructuration de la dette grecque à 2018.
L'actuel gouvernement grec, dirigé par le parti de gauche Syriza, soutient pour sa part depuis longtemps que l'endettement du pays est le principal obstacle à une croissance économique durable.
Depuis 2010, Athènes a obtenu trois renflouements de la part de ses créanciers internationaux. Sa dette, estimée à plus de 300 milliards d'euros, soit environ 180% de son PIB, est toujours la plus élevée de la zone euro. Le gouvernement du Premier ministre grec Alexis Tsipras a accepté en 2015 un nouveau plan d'austérité et de réformes économiques impopulaires malgré la victoire du «non» lors du référendum organisé sur l'accord proposé par les partenaires et créanciers de la Grèce.
Les propos de Wolfgang Schaüble surviennent alors qu'une nouvelle crise s'est ouverte après le rejet massif du référendum organisé en Italie par le Premier ministre Matteo Renzi. Pour l'économiste Jacques Sapir, cette défaite est également celle de l'austérité en Europe. Selon lui, «la victoire du "non" au référendum italien ouvre un espace important aux forces qui en France contestent l’euro et l’Union européenne».