Interviewé par la BBC le 7 novembre, le professeur Otmar Issing, ancien économiste en chef de la Banque centrale au moment de la création de l'euro en 1999, n'a pas eu recours à la langue de bois : «L'euro se porte bien. C'est toujours la seconde devise la plus importante du monde. J'aimerais pouvoir en dire autant de la zone euro, où de nombreuses menaces se profilent.»
Et le professeur de préciser : «Il est difficile de prévoir combien de temps cela va durer, mais on ne peut pas continuer indéfiniment comme cela. Les gouvernements vont accumuler toujours plus de dettes, et puis un jour, le château de cartes va s'effondrer». De plus, «il y a un problème lorsque des pays qui ne veulent pas respecter les règles de l'union monétaire peuvent exercer un chantage sur les autre pays», a surenchéri Otmar Issing.
Les Européens font, selon le professeur, une erreur lorsqu'ils considèrent que l'appartenance d'un pays à la zone euro ne peut plus être remise en cause une fois qu'elle est acquise. Au micro de la BBC, il a insisté sur le fait que «le cadre [de l'union monétaire]» ne prévoyaut pas de sortie, temporaire ou permanente. «Cela a été une erreur, mais la plus grande erreur a été d'accepter trop de pays dès le départ, des pays qui n'étaient pas encore prêts», déplore l'économiste allemand.
Selon lui, la Grèce est en «crise permanente» et les réformes économiques en Italie et au Portugal ne vont pas assez vite.
Otmar Issing a expliqué que, de son point de vue, une «sortie temporaire» de la zone euro pourrait permettre à des pays comme la Grèce de quitter l'union monétaire afin de «réaliser les réformes nécessaires et revenir dans de meilleures conditions».
Le professeur, qui a joué un rôle majeur lors de la fondation de la monnaie unique européenne en 1999, a également conseillé la chancelière Angela Merkel. Au fil des années, Otmar Issing est devenu de plus en plus critique vis-à-vis de la gestion de la crise monétaire, au point de prédire la chute de l'union monétaire si cette dernière n'était pas réformée.