Avec sa nouvelle chaussure, la «Futurecraft», fabriquée dans une nouvelle usine futuriste, construite en Allemagne et uniquement peuplée de robots, Adidas lance une révolution qui pourrait bien changer à terme la donne en matière de commerce international.
S'il ne s'agit pour l'instant que de chaussures haut de gamme, cette relocalisation de la production de l'Asie vers Europe pourrait signaler le début d'une remise en cause du dogme de la mondialisation, où les composants d'un produit particulier, tel un smartphone, sont fabriqués en divers endroits du monde avant d'être transportés sur des milliers de kilomètres pour être assemblés.
Aussi, Adidas s'est donné pour ambition de redéfinir la «production du futur», privilégiant les circuits «courts», au plus près du consommateur final. L'usine entièrement robotisée doit en outre permettre de produire rapidement des chaussures customisées à la demande par le client.
Et afin de mettre à disposition de la clientèle les chaussures à trois bandes au plus vite, plus question de les faire venir d'Asie, à bord de navires porte-conteneurs. D'autant que si les chaussures – et de façon générale les autres articles des équipementiers – sont fabriquées en Asie, c'est en raison du faible coût de la main d'œuvre locale.
Les équipementiers sportifs jusque-là concevaient les modèles en Europe et aux Etats-Unis et les faisaient fabriquer en Chine et plus généralement en Asie. Région où la division internationale du travail a attribué la production textile à des pays où la main d'œuvre est meilleur marché que dans les pays riches.
Des salariés exploités par les sous-traitants en Asie
Seulement voila, la technologie en arrive à un point où une usine entière peut se passer presque complètement d'ouvriers, mis à part la personne chargée d'appuyer sur le bouton la mettant en marche et des superviseurs assis devant des pupitres futuristes.
A terme, si ce genre d'usines se multiplie, cela pourrait mettre en danger les sous-traitants auxquels les grandes marques occidentales confient la fabrication de leurs produits. Et menacer d'envoyer quantité d'employés locaux au chômage, même si ces derniers sont souvent exploités en Asie, où le code du travail n'est pas très épais.
Nike a ainsi dû désamorcer une campagne mondiale dénonçant les conditions de travail dans les «ateliers de la sueur» asiatiques, à l'instar de Foxconn, un sous-traitant du géant Apple, décrié lui aussi pour les conditions de travail et de rémunération de ses ouvriers, après une vague de suicides en 2011.
Après avoir organisé la concurrence entre les salariés du monde entier, le capitalisme pourrait bien avoir trouvé la solution, en remplaçant ces derniers par des robots. Mais sans salaire, qui pourra encore acheter les marchandises ?