Economie

Crise des dettes souveraines : la politique de Christine Lagarde critiquée par le FMI lui-même

Le Bureau d'évaluation indépendant, organisme de contrôle du FMI, reproche à Christine Lagarde son manque de transparence, la prise en compte de considérations politiques et son indulgence à l'égard de pays de l'UE dans l'exercice de ses fonctions.

Le Fond monétaire international (FMI) lui-même, par le biais de son organisme de surveillance, égratigne sa directrice générale. En effet, le Bureau d'évaluation indépendant (BEI), estime que la prise en compte de considérations politiques aurait fait obstacle à la mission du FMI qui est de réaliser des analyses purement techniques et impartiales.

Des prêts sans garanties suffisantes à la Grèce

Le BEI pointe ainsi du doigt «des problèmes de responsabilité et de transparence qui ont conduit à l'impression que le FMI a traité les pays européens différemment». En clair : l'organe de surveillance du FMI a le sentiment que certains pays de l'Union européenne, tels le Portugal et l'Irlande, empêtrés dans la crise des dettes souveraines depuis le krach bancaire et financier de 2008, ont eu droit à un traitement de faveur.

En Grèce, en particulier, le FMI aurait violé ses propres règles, en consentant un prêt sans garantie que ce dernier aiderait le pays à réellement reprendre le contrôle de son endettement exponentiel. Les conditions d'une aide du FMI sont en effet habituellement soumis à des conditions de solvabilité. Le BEI reproche ainsi au FMI des prévisions par trop optimistes au sujet de la Grèce afin de débloquer l'aide.

C'est sous pression des autres pays, non européens, que le BEI a procédé à cet examen, car il s'agit très clairement pour eux d'une inégalité de traitement. Certains sont  en effet tenus d'appliquer des recommandations bien plus draconiennes – réduction du budget de l'Etat et privatisations de services publics – dictées par le FMI, institution née en 1944 lors de la conférence de Bretton Woods.

Les ennuis s'accumulent pour Christine Lagarde

Ce désaveu du BEI tombe mal alors que l'affaire de l'arbitrage rendu en faveur de Bernard Tapie dans le différend qui l'oppose au Crédit Lyonnais n'en finit pas de rebondir en France.

La chambre criminelle de la Cour de cassation a en effet rejeté le 22 juillet dernier le pourvoi de Christine Lagarde dans l'affaire Tapie. Christine Lagarde devra répondre devant la Cour de justice de la République pour délit de négligence ayant permis un détournement de fonds publics, alors qu'elle était ministre de l'Economie de Nicolas Sarkozy.

Christine Lagarde avait opté pour un arbitrage privé pour mettre un terme à une affaire judiciaire vieille d'une vingtaine d'années, arbitrage qui a débouché sur le versement de près de 400 millions d'euros d'indemnités à Bernard Tapie.

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