Economie

«L'Europe est gravement malade» : la Deutsche Bank tire la sonnette d'alarme

Alors que les capitalisations en Bourse de grandes banques européennes s'effondrent, la Deutsche Bank estime que les banques de l'Union ont un besoin urgent de liquidités. Les signes faisant craindre un krach bancaire se multiplient.

Selon David Folkerts-Landau, économiste en chef de la Deutsche Bank, les banques européennes ont besoin en urgence de quelque 150 milliards d'euros afin d'éteindre l'incendie. La Deutsche Bank, faisant le constat d'une grave crise bancaire, en appelle même à l'Union européenne, alors que cette dernière se refuse par principe à toute intervention et renflouement, bail out dans le jargon de la finance.

Le secteur bancaire européen «est gravement malade et doit s'attaquer à ses problèmes très rapidement, sinon on court à la catastrophe. Je ne suis pas un prophète de malheur, je suis juste réaliste», a prévenu Lorenzo Bini Smaghi, un cadre d'état-major de la Société générale et ancien administrateur de la Banque centrale européenne.

Créances irrécouvrables, Brexit et crise des dettes souveraines

Les banques européennes sont en effet confrontées un problème de créances douteuses dans un contexte de crise économique où les débiteurs deviennent insolvables, doublé d'un climat d'inquiétude sur les marchés financiers suite au Brexit. Les banques doivent en outre faire face à la crise des dettes souveraines des pays européens, à l'instar de la dette grecque, que les banques doivent dévaloriser avant de l'intégrer dans leurs bilans.

Pour Deustche Bank, la crise bancaire italienne qui focalise l'attention des observateurs ne serait que le sommet de l'iceberg : plusieurs banques européennes sont malmenées en Bourse et voient leur capitalisation boursière fondre littéralement comme neige au soleil. La banque italienne Monte dei Paschi, par exemple a perdu 97,7% de sa capitalisation boursière depuis 2007 alors que le cours de Deutsche Bank s'est, lui, effondré de 48% en un an.

Et, même en dehors de l'Union européenne, la banque Credit Suisse a chuté de 63%. L'indice Bloomberg des banques européennes et des services financiers a accusé pour sa part en 2015 une baisse spectaculaire de 33%.

Deutsche Bank, troisième banque européenne du point de vue de ses actifs est par ailleurs dans le collimateur du FMI qui l'a identifiée comme une menace majeure pour le système financier mondial.