Economie

Allemagne : sans concessions des USA, le traité de libre-échange transatlantique «va échouer»

Le traité de libre-échange transatlantique TTIP «va échouer» si les Etats-Unis ne font pas de concessions, a prévenu le ministre allemand de l'Economie, Sigmar Gabriel, le 24 avril.

Sigmar Gabriel, ministre allemand de l'Economie, s'est exprimé en marge de la visite en Allemagne du président américain Barack Obama, qui a précisément pour but de soutenir le projet d'accord transatlantique de libre-échange (TTIP) auprès des principaux dirigeants européens.

«Les Américains ne veulent pas ouvrir leurs appels d'offres publics aux entreprises d'Europe. C'est tout le contraire du libre-échange, selon moi», a dénoncé le numéro deux du gouvernement allemand dans une interview publiée dans les colonnes du quotidien économique Handelsblatt. «Si les Américains s'en tiennent à cette position, nous n'avons pas besoin de traité de libre-échange. Et le TTIP va échouer», a encore fait remarquer le ministre allemand.

Un avertissement lancé alors que Barack Obama inaugure le 24 avril, en compagnie de la chancelière Angela Merkel, la foire industrielle de Hanovre, grand-messe du made in Germany qui sert de tremplin aux deux dirigeants pour défendre le projet d'accord face à leurs opinions publiques qui sont pour le moins sceptiques. En effet, de 35 000 à 90 000 personnes ont manifesté à Hanovre le 23 avril, redoutant notamment un nivellement par le bas des normes environnementales et sanitaires européennes.

«Je n'approuverai aucun traité qui prévoit un tribunal d'arbitrage privé»

Le 25 avril s'ouvrira à New York un nouveau cycle de négociations sur le TTIP, le 13e depuis 2013. Officiellement, Washington, comme Berlin, vise un accord cette année, mais les divergences entre les parties semblent difficiles à surmonter avant la fin de l'année. La position des Américains dans ce traité se résume à la formule «achetez américain», ce qui n'est «pas acceptable» aux yeux du ministre allemand.

Par ailleurs, «je n'approuverai aucun traité qui prévoit un tribunal d'arbitrage privé», a averti le ministre socialiste au vu d'une clause controversée du TTIP qui laisserait la possibilité aux multinationales de contester les lois d'un Etat devant une cour d'arbitrage.

Sur ce dernier point, l'administration Obama a tenu à se montrer ouverte à des alternatives. «Je pense que nous sommes en mesure de trouver un compromis qui remplisse notre objectif commun de protéger l'investissement tout en sauvegardant l'intérêt général», a déclaré la secrétaire d'Etat au Commerce, Penny Pritzker, dans une interview publiée par l'hebdomadaire allemand Der Spiegel. «Notre administration veut un accord et nous aimerions l'obtenir cette année», a-t-elle ajouté.