La chute rapide du dollar canadien dans le prolongement de celle des prix du pétrole frappe de plein fouet les consommateurs, provoquant un renchérissement marqué du coût de la vie qui force les ménages à réduire leur train de vie. De 2010 à 2013, le dollar canadien était au même niveau que son homologue américain, mais il a depuis perdu près du tiers de sa valeur, retombant cette semaine sous le seuil des 70 cents américains, une première depuis douze ans.
Cette dégringolade du dollar canadien découle de celle des prix du pétrole, principal produit d'exportation du pays jusqu'à l’an dernier. Or, les prix du brut sont passés cette semaine sous la barre des 30 dollars, un coup sérieux porté à la croissance. Autant dire qu’au Canada, l'addition est douloureuse. L'impact de cette chute de la monnaie se répercute en effet directement sur les montants inscrits sur les étiquettes des produits vendus dans les magasins.
Avec une hausse de 4% en 2015, les prix des aliments ont augmenté plus vite que l'inflation pour la quatrième année d'affilée, rapporte une étude de l'université de Guelph en Ontario. Pour les légumes, la hausse a atteint 10%, et 9% pour les fruits et les noix. Au final, à la caisse, c'est 325 dollars de plus que les consommateurs ont dû débourser l'an dernier pour se nourrir.
Le Canada importe en effet la grande majorité de ses fruits et légumes des Etats-Unis et compte tenu du taux de change défavorable pour Ottawa, les prix ont grimpé de manière spectaculaire. Certains prix ont triplé, voire quadruplé, depuis quelques mois.
Cette dévaluation mécanique de leur devise pousse aussi les Canadiens à sacrifier leurs traditionnelles vacances hivernales dans le sud des Etats-Unis. Les équipes canadiennes de sport professionnel, comme celle des Canadiens de Montréal en hockey sur glace, sont elles aussi dans une situation délicate puisqu'elles paient les salaires de leurs joueurs en dollars américains.
Les Canadiens ne sont pourtant pas au bout de leurs peines. Des économistes ont déjà prévu des hausses de prix pour plusieurs autres biens de consommation, comme l'habillement ou l'électronique. A court terme, la reprise de la demande aux Etats-Unis, pays avec lequel le Canada fait les trois-quarts de ses échanges commerciaux, représente la principale lueur d'espoir pour sortir l'économie canadienne de sa léthargie.
En revanche, d'autres prédisent la poursuite de la glissade du dollar canadien jusqu'à 59 cents US dans les prochains mois, ce qui serait du jamais vu depuis que le Canada a décidé de laisser flotter librement sa devise en 1971. Une perspective qui ne déplaît toutefois pas au secteur touristique: celui-ci constate un retour en force des touristes américains dans les hôtels ou les stations de ski.