Economie

Dette souveraine : Moody’s revoit à la baisse, de sables à négatives, ses perspectives sur la note de la France

Le verdict était guetté le 24 octobre en France. Tout en maintenant son Aa3, Moody’s a revu à la baisse ses perspectives sur la note de crédit de la France. L'agence américaine estime que l’instabilité que traverse le pays pourrait entraver le redressement des comptes publics.

« Cette décision témoigne de l’absolue nécessité de construire un chemin collectif vers un compromis budgétaire », a déclaré sur Bluesky le 24 octobre au soir Roland Lescure, ministre français de l’Économie et des Finances, assurant avoir pris « acte » de la décision de Moody’s à l’égard de la note de crédit de la France.

« Le Gouvernement demeure déterminé à tenir l’objectif de déficit de 5,4% du PIB annoncé en 2025 et à poursuivre une trajectoire ambitieuse de réduction du déficit public pour revenir sous les 3% du PIB en 2029, tout en préservant la croissance », a-t-il assuré dans un second temps.

Comme en avril 2024, cette agence américaine semble - au premier abord - avoir pris le contrepied d’une partie de ses paires. Tout au long de la journée, de nombreux observateurs médiatiques se sont interrogés sur le fait que Moody’s puisse devenir la quatrième agence de notation à « sanctionner » la France depuis la mi-septembre, après Fitch Ratings, S&P Global et Morningstar DBRS.

Verdict de Moody’s : coup de semonce sur la réforme des retraites, en plein examen du budget à l’Assemblée

Celle-ci a maintenu sa note de Aa3, mais a revu ses perspectives de « stables » à « négatives », sanctionnant un « risque accru » de voir « la fragmentation du paysage politique français continuer à entraver le fonctionnement des institutions législatives du pays ».

Une « instabilité politique » qui pourrait « nuire à la capacité du gouvernement à relever les principaux défis, tels qu'un déficit budgétaire élevé, un endettement croissant et une augmentation durable des coûts d'emprunt ».

Cette instabilité pourrait, s’inquiète encore Moody’s – le jour même où les députés français ont entériné l'examen du projet de loi de finances –, « aboutir à la remise en cause durable des principales dispositions des réformes structurelles précédemment adoptées, en particulier la réforme des retraites de 2023 ».

Si aujourd’hui la France conserve son Aa3 chez Moody’s, à en croire Les Échos, la dégradation de sa signature serait actée sur les marchés. « Le marché perçoit la note de la France comme étant équivalente à BBB, soit 4 ou 5 rangs en dessous de la note actuelle », avait expliqué auprès du quotidien tricolore Théophile Legrand, stratégiste de taux chez Natixis CIB.