Le ministre de l’Économie, Éric Lombard, a annoncé le 9 avril une révision à la baisse des prévisions de croissance pour l’année prochaine, ramenées de 0,9 % à 0,7 %. Cette annonce, faite sur le plateau de TF1, intervient dans un climat d’incertitudes économiques mondiales, exacerbé par les récentes décisions de Donald Trump sur les droits de douane. « Compte tenu des incertitudes, et on vient d’en voir un élément aujourd’hui, le 0,7 % sera présenté en conseil des ministres la semaine prochaine », a expliqué le ministre, soulignant l’impact potentiel des tensions commerciales internationales.
Cette révision fait écho aux ajustements déjà opérés par d’autres institutions. En mars, la Banque de France avait elle aussi fixé sa prévision à 0,7 %, tandis que l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) a abaissé la sienne à 0,5 % ce même 9 avril.
Prudence et méfiance face aux tarifs douaniers américains
Ces chiffres traduisent une prudence généralisée face à un environnement économique mondial volatile, où la politique américaine joue un rôle déterminant. Quelques minutes avant l’intervention d’Éric Lombard, Donald Trump a en effet surpris en annonçant une suspension de 90 jours des surtaxes douanières pour la plupart des pays, sauf la Chine, admettant que ces mesures « effrayaient un peu ». Une décision accueillie avec réserve par le ministre français : « C’est une bonne nouvelle, mais il faut rester calme », a-t-il réagi sur LCI, espérant un « accord nouveau » avec Washington.
Les droits de douane, véritables épées de Damoclès, pèsent lourdement sur les perspectives économiques. Prévue pour le 22 avril lors du G7 à Washington, la prochaine vague de négociations avec les États-Unis sera décisive. « Si on réussit à faire baisser les droits de douane, on peut même avoir mieux », a avancé Éric Lombard, laissant entrevoir une possible embellie. À l’inverse, un durcissement des taxes pourrait tirer la croissance encore plus bas. La France, bien que moins exposée que l’Allemagne ou l’Italie, cette dernière ayant divisé par deux sa prévision à 0,6 %, subit néanmoins les contrecoups d’une guerre commerciale qui affecterait la zone euro à hauteur de 0,25 point de PIB selon la Banque de France.
Sur le plan intérieur, le gouvernement mise sur une discipline budgétaire stricte. Éric Lombard a réaffirmé qu’aucune hausse d’impôts n’était prévue en 2025, même avec une croissance en berne. « Nous tenons l’axe des dépenses publiques votées par le Parlement », a-t-il assuré, écartant tout retour au « quoi qu’il en coûte ». Cette rigueur vise à maintenir l’objectif de réduction du déficit public, fixé à 5,4 % du PIB en 2025, tout en évitant d’aggraver la situation économique. Pour 2026, la surtaxe sur les grandes entreprises ne sera pas reconduite, mais le ministre reste évasif sur d’autres mesures : « Le sujet est complètement ouvert ».