La Chine a vivement réagi après les déclarations du secrétaire américain à la Défense Pete Hegseth, en visite au Panama le 8 avril. Le gouvernement chinois a dénoncé des « attaques malveillantes » et une volonté de « chantage » de la part de Washington. Dans un communiqué relayé par l’ambassade de Chine à Panama, Pékin affirme qu’elle « n’a jamais participé à la gestion ou à l’exploitation du canal de Panama et ne s’est jamais ingérée dans les affaires de cette voie d’eau ». Le ministère des Affaires étrangères chinois a également dénoncé une « campagne sensationnaliste » visant à saboter la coopération entre la Chine et le Panama. Pékin estime que les accusations américaines ne sont qu’un prétexte pour maintenir leur hégémonie dans la région et imposer leur contrôle par la force.
Washington vise les entreprises chinoises
À l’origine de cette nouvelle confrontation, les propos du secrétaire américain à la Défense, qui a accusé la Chine de vouloir « mettre en péril le fonctionnement et l’intégrité du canal » en s’appuyant sur des entreprises installées dans la zone. Hegseth a notamment visé le groupe hongkongais CK Hutchison, qui exploite les ports stratégiques de Balboa et Cristobal. Selon lui, cette présence permettrait à la Chine de mener des « activités de surveillance ». Washington soutient le rachat de ces ports par un consortium américain dirigé par BlackRock, mais la Chine bloque cette vente en lançant une enquête antitrust. Pour Donald Trump, cette opération s’inscrit dans un effort plus large de « reprise du canal » face à ce qu’il décrit comme une influence croissante de la Chine en Amérique centrale. Le président américain a même évoqué, à plusieurs reprises, l’éventualité d’un recours à la force pour garantir la sécurité de la voie interocéanique.
Un canal hautement stratégique, au cœur des rivalités
Le canal de Panama est un axe commercial vital, par lequel transite environ 5 % du commerce maritime mondial. Construit par les États-Unis en 1914, il a été transféré au Panama le 31 décembre 1999. Depuis, sa gestion relève entièrement des autorités panaméennes, ce que Pékin affirme toujours respecter. Mais les États-Unis, qui considèrent ce passage comme crucial pour leur sécurité nationale, multiplient les pressions. Avant la visite de Pete Hegseth, un audit commandé par le Panama a mis en cause le contrat de concession accordé à CK Hutchison, renforçant les arguments américains. Dans ce contexte tendu, le président panaméen José Raúl Mulino tente de maintenir un équilibre. Il a annoncé la fin de l’accord avec la Chine sur les « Nouvelles routes de la soie », tout en rappelant que « le canal est, et restera, panaméen ». Des manifestations ont eu lieu à Panama City contre la présence américaine, signe d’un rejet croissant de l’ingérence étrangère dans la gestion nationale.