Sonatrach, le géant pétrolier et gazier algérien, a récemment signé des contrats avec deux entreprises françaises : Vallourec, spécialiste des tubes pour le marché de l’énergie, et Viridien, spécialisé dans le domaine des sciences de la terre. Ces collaborations marquent un tournant significatif dans les relations entre l'Algérie et la France, après plusieurs mois d’une crise diplomatique majeure entre les deux pays.
Les deux groupes français ont révélé les détails de ces collaborations dans deux communiqués distincts cités ce 8 avril par le portail d’information TSA Algérie.
Il s’agit pour Vallourec d’un contrat qui porte sur la fourniture de tubes OCTG (Oil Tubular Country Goods) et qui devrait générer plus de 250 millions de dollars. « La confiance continue de Sonatrach dans notre gamme de connexions VAM […] souligne la valeur que nous apportons à ses projets », a déclaré Laurent Dubedout, Senior Vice-Président OCTG, cité dans le communiqué du groupe français.
De son côté, le marché obtenu par Viridien consiste à réimager deux jeux de données sismiques 3D d’une superficie totale de 2 400 km² dans la concession de Hassi Bir Rekaiz, située dans le bassin de Berkine, au nord-est du Sahara algérien. Aucun détail financier n’a en revanche été divulgué pour ce contrat, le deuxième pour un groupe français dans un contexte de début de réchauffement des relations entre Paris et Alger.
Signes de dégel depuis un entretien téléphonique Tebboune-Macron
Le 31 mars, après plusieurs mois de crise entre Alger et Paris, les présidents algérien et français se sont entretenus par téléphone. Selon un communiqué cité par la presse des deux pays, Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune ont eu un « long échange, franc et amical », marquant une première étape significative vers le dégel des relations bilatérales.
Ce communiqué n’a pas mentionné le Sahara occidental, à l’origine de cette crise, mais Paris et Alger ont affiché leur volonté de reprendre la coopération, notamment dans les domaines sécuritaire, judiciaire et migratoire, mais aussi économique et énergétique.
Plusieurs visites ont été par ailleurs programmées, dont celle du chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot qui a rencontré le président Tebboune le 6 avril à Alger. « Avec le président [Abdelmadjid] Tebboune, nous avons exprimé la volonté partagée de lever le rideau » et de « reconstruire un partenariat d'égal à égal, serein et apaisé », avait alors déclaré Jean-Noël Barrot, à l'issue d'un entretien de 2h30 avec le chef de l'État algérien.
La crise diplomatique entre Paris et Alger remonte à fin juillet 2024 quand Emmanuel Macron a reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Les dirigeants des deux pays multiplient depuis les joutes verbales et les accusations réciproques dans un contexte de plus en plus tendu, qualifié début février par Abdelmadjid Tebboune de « délétère ».
Ces tensions, ponctuées de plusieurs incidents diplomatiques, s'inscrivent dans un contexte de relations franco-algériennes déjà fragilisées par plusieurs différends, notamment liés à la mémoire coloniale, aux questions migratoires et à des positions divergentes sur des dossiers stratégiques.