Le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a accusé l’Ukraine d’agir comme une « force déstabilisatrice en Afrique », lui imputant le soutien à des groupes terroristes au Sahel. Dans une interview accordée à RIA Novosti ce 7 avril, il a dénoncé des actions qu’il juge « gravement menaçantes pour la sécurité régionale ».
« Le Mali, qui a rompu ses relations avec Kiev, considère désormais l’Ukraine comme un État terroriste », a affirmé Diop. Selon lui, le soutien ukrainien aux groupes armés dans la région aurait entraîné la mort de nombreux soldats et civils maliens. Le ministre a exigé des comptes : « Kiev doit répondre de ses actes et cesser d’incarner un rôle destructeur, source d’instabilité sur notre continent. »
Par ailleurs, Diop a réaffirmé le soutien du Mali et de ses partenaires régionaux à une résolution du conflit russo-ukrainien, à condition que celle-ci prenne en compte « les préoccupations sécuritaires de la Russie ». Il a estimé qu’une paix durable profiterait à tous : « Elle renforcerait la stabilité mondiale, relancerait l’économie et bénéficierait à nos pays. Nous encourageons donc Moscou à poursuivre ses efforts diplomatiques. »
Ces déclarations surviennent alors que les dirigeants du Mali, du Burkina Faso et du Niger, désormais confédérés au sein de l'Alliance des États du Sahel (AES), ont accusé à plusieurs reprises l’Ukraine de fournir des armes et une formation aux groupes rebelles et aux combattants djihadistes actifs dans la région.
« L’Ukraine, un sponsor du terrorisme »
La semaine dernière, depuis Moscou, Abdoulaye Diop avait renouvelé les critiques de Bamako envers Kiev, affirmant sans détour devant la presse : « L’Ukraine est un sponsor du terrorisme, et cela doit être arrêté ». Ses propos intervenaient en marge de consultations stratégiques menées les 3 et 4 avril dans la capitale russe entre la Russie et l’AES.
Les tensions remontent au 4 août 2024, quand le gouvernement malien a annoncé rompre ses relations diplomatiques avec l’Ukraine, après qu'un porte-parole du renseignement militaire de Kiev a déclaré que ses agents avaient soutenu des insurgés touaregs lors d’une embuscade meurtrière fin juillet, dans le nord du pays, jurant que « d’autres » étaient « à venir ».
Bamako avait fustigé une « agression flagrante », estimant que les actions de Kiev « violaient la souveraineté du Mali » et « dépassaient le cadre de l’ingérence étrangère ».
Dans la foulée, le Niger avait annoncé à son tour la rupture « avec effet immédiat » de ses relations avec l’Ukraine, accusant ce pays de soutenir le terrorisme dans la région, tandis que l'ambassadeur du Burkina Faso en Russie affirmait à TASS qu'il n'existait « quasiment aucune relation diplomatique » entre son pays et le régime de Kiev.
Le 19 août, le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont appelé le Conseil de sécurité de l’ONU à condamner « fermement » le soutien « ouvert » et « assumé » de Kiev au « terrorisme international » au Sahel. Les trois nations sahéliennes sont confrontées à une montée des groupes terroristes et des mouvements rebelles qui menacent leur sécurité.